Ce samedi 26 octobre 2025, à Ouagadougou, le Festival international de théâtre et de marionnettes (FITMO), couplé au festival Rendez-vous Chez Nous, a officiellement lancé ses activités. Ce matin, une table ronde s’est tenue à l’Hôtel de Ville de Ouagadougou, sous le thème « Politiques culturelles nationales et politique confédérale des États membres de l’AES ». L’événement a réuni des acteurs du monde artistique du Niger et du Burkina Faso autour d’un même objectif : jeter les bases d’une politique culturelle confédérale pour les pays de l’Alliance des États du Sahel.

Des politiques culturelles nationales aux dynamiques contrastées
Sous la modération du professeur Salaka Sanou, les échanges ont permis de dresser un état des lieux des politiques culturelles existantes au sein de la sous-région. Pour le Niger, Édouard Amadou Lompo, formateur et responsable pédagogique en création artistique, a mis en lumière les avancées et les limites de la stratégie nationale. S’il reconnaît la volonté des autorités nigériennes de faire de la culture un pilier du développement, il note cependant de nombreuses contraintes : faiblesse du budget consacré au secteur, instabilité institutionnelle, manque de données statistiques fiables et accès limité aux financements.
Selon lui, ces obstacles freinent la valorisation du « trésor commun », à savoir les expressions artistiques, le patrimoine et les savoir-faire traditionnels, essentiels à l’identité nigérienne.
Côté burkinabè, Rasmané Ouédraogo a dressé un tableau plus optimiste. Il a salué la vitalité du secteur, portée par de grands rendez-vous internationaux tels que le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) ou la Semaine nationale de la culture (SNC). Pour lui, « la culture burkinabè, riche et plurielle, s’enracine dans nos traditions tout en épousant les aspirations d’une modernité africaine en construction ».
Il a rappelé que la Stratégie nationale de la culture et du tourisme (2018-2027) reste la boussole de l’action culturelle au Burkina Faso. Néanmoins, il a reconnu que le pays demeure confronté à des défis structurels, notamment le faible financement public et la dépendance vis-à-vis des soutiens extérieurs. Des dispositifs comme le Fonds de développement culturel et touristique (FDCT), le Comité d’évaluation des requêtes de subvention (CERS), le Fonds de promotion culturelle du BBDA ou le Faso Films Fonds tentent d’apporter des réponses concrètes.

Vers une politique culturelle confédérale pour l’AES
Au terme des interventions, l’idée d’une vision culturelle concertée entre les trois États membres de l’AES ( Burkina Faso, Mali et Niger) s’est imposée comme une nécessité stratégique. Le Dr Moctar Sanfo, directeur général de la culture et des arts du Burkina Faso, a confirmé qu’un accord de principe avait déjà été acté lors du festival Ségou’Art au Mali.
Selon lui, ce projet de politique culturelle confédérale permettra de mutualiser les ressources, renforcer les échanges entre artistes et consolider la place de la culture comme instrument de cohésion et de souveraineté dans l’espace sahélien. Une rencontre technique entre les trois pays est prévue dans les prochaines semaines pour en définir les modalités pratiques.

FITMO et Rendez-vous Chez Nous : l’union des arts et des peuples
Le FITMO, jumelé cette année encore avec Rendez-vous Chez Nous, se déroule du 26 au 30 octobre 2025 à Ouagadougou autour des thèmes « Arts, Environnement et Santé » et « Se reconnecter ». Spectacles vivants, ateliers de formation en arts dramatiques, rencontres professionnelles et activités littéraires rythment cette semaine dédiée à la créativité et à la rencontre des cultures.
En somme, le FITMO 2025 s’annonce comme un tournant dans la coopération culturelle entre les pays du Sahel, avec l’ambition de bâtir un cadre durable où l’art et la culture deviennent des leviers d’unité, de résilience et de développement partagé.
✍️ Parfait Fabrice SAWADOGO
Journaliste culturel – Infos Culture du Faso





