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Bobo-Dioulasso: De sa carrière en passant par ses projets, l’artiste chanteuse Rama N’goni, se confie dans un entretien exclusif

De son vrai nom Alimatou Djakité, Rama N’goni fait aujourd’hui partie des artistes burkinabè les plus talentueux. Sa maitrise de l’instrument traditionnel appelé le « N’goni », lui confère un avantage qui la démarque véritablement dans cette sphère musicale. Et c’est avec un immense plaisir que cette diva de la musique tradi-moderne a fait l’honneur de nous recevoir ce mercredi 11 aout 2021, dans sa ville natale, Bobo-Dioulasso. Ses débuts dans la musique, sa carrière et ses projets, tels ont été les maitre-mots de nos échanges.

ICF (Infos Culture du Faso) : Pour commencer, pouvez-vous, vous présenter à nos lecteurs s’il-vous-plait ?

Rama : Je me nomme Rama N’goni, artiste chanteuse burkinabè. A l’état civil, je réponds au nom de Alimatou Djakité.

ICF : Alimatou Djakité à l’état civil, dites-nous le nom d’artiste Rama N’goni est né dans quel contexte ?

Rama : C’est vrai, mon prénom c’est Alimatou et il y a des gens qui m’appelaient Alima et certains Ramatou. Rama est donc pris comme le diminutif de Ramatou. N’goni est dû au fait que je joue l’instrument musical appelé le N’goni.

ICF : Racontez-nous un peu vos premiers pas dans la musique!

Rama : Moi, la musique m’est venue de mon père. C’est lui qui était artiste-musicien, chasseur et tradi-praticien en même temps. Je le suivais partout. Depuis que je suis avec lui, je n’ai jamais passé une nuit à son absence. Je partais partout avec lui ; dans ses concerts, ses voyages, etc. Il avait son groupe qui s’appelait « limania stars ». Ce qui m’a emmené dans la musique, c’est que j’avais remarqué qu’à chaque fois qu’il allait en concert, cinq minutes avant qu’il monte sur scène les musiciens disparaissaient. Les uns disaient qu’ils vont prendre du nescafé et d’autres qu’ils vont boire de l’eau et ainsi de suite. C’est arrivé jusqu’à trois fois et je n’ai pas apprécié malgré le fait que j’étais encore petite. Il y avait un instrument qu’on appelle en dioula « nêgêni» que je savais bien joué. J’ai donc proposé à mon père de jouer à cet instrument et lui il jouera au N’goni afin que je puisse l’accompagner dans sa prestation. Il a refusé en prétextant que je ne pouvais pas. Sur insistance, il a fini par accepter. Il est donc monté sur scène et je l’ai suivi. Je n’avais que sept ans et quand on a fait ce concert, les gens ont vraiment aimé et apprécié. Ils ont demandé à mon père pourquoi ne pas faire les spectacles avec sa fille au lieu de chaque fois perdre le temps avec les autres musiciens avec qui il avait des problèmes tout le temps. C’est à partir de ce jour qu’il a donc décidé de prendre ses propres enfants pour ses prestations en lieu et place de ses collaborateurs. Il y avait donc mes grandes sœurs, mes grands frères et ensuite mes autres petites sœurs qui sont venues. Il a donc formé ses propres enfants qui l’accompagnaient sur scène.

ICF : Pouvez-vous nous faire un bref récapitulatif de votre parcours ?

Rama : À partir de dix ans, j’ai commencé à voyager. Mon premier voyage, c’était en Suisse avec les membres de ma famille pour des festivals. La deuxième tournée, c’était quand j’avais treize ans et c’était en Italie. Depuis, on partait chaque année pour des festivals en Europe jusqu’à ce que je me détache du groupe avec la permission et la bénédiction de mon père. J’ai essayé d’évoluer en solo et je peux dire que ça a marché.

ICF : Rama N’goni comptabilise combien d’album à son actif ?

Rama : Je suis à mon deuxième album. Mais le premier a été enregistré en France avec mon père qui m’a accompagné avec neuf titres et moi-même quatre titres, ce qui faisait treize titres au total. Cepandant l’album portait mon nom. Le deuxième, je l’ai enregistré à Ouaga en 2014 avec Commandant Papus Zongo.

ICF : C’est un bon palmarès. Qui vous inspire autant dans la musique ou dans la rédaction de vos textes ?

Rama : Mon inspiration me vient de mon papa, sinon je n’ai vraiment pas d’artistes que j’interprète. Néanmoins, j’ai mes idoles dans la musique comme Oumou Sangaré, Nahawa Doumbia, Djènéba Seck et puis Babani Koné que j’aime beaucoup. Mais mon inspiration me vient vraiment de mon père. C’est lui que j’écoute à chaque fois et j’essaie de créer mes chansons. Dans mon premier album, mon titre phare était un titre de mon papa que j’ai modifié et chanté à ma manière.

ICF : Est-ce que vous collaborez avec d’autres artistes burkinabè dans vos chansons à travers des featuring ? (Si oui des exemples)

Rama : Bie-sûr que oui. Déjà dans mon premier album, j’ai fait deux featuring dont le premier avec Wendy et le second avec Frère Malkhom. Je collabore donc avec d’autres artistes parce qu’il le faut pour comprendre plus et apprendre davantage.

ICF : Une femme qui joue aussi bien le N’goni, comment êtes-vous parvenue à ce résultat et comment votre entourage l’a-t-il pris à vos débuts, de même qu’aujourd’hui ?

Rama : Le début a été vraiment difficile. En effet, les dozos, les joueurs de N’goni ont beaucoup critiqué. Ils ont dit à mon papa que ce n’était pas normal qu’une femme joue à cet instrument parce qu’il était sacré. Et mon père de leur faire comprendre que son enfant que j’étais n’était pas une fille comme on le dit mais une fille «garçon mélangé» (rire). Mon père n’y voyait pas d’inconvénient et m’a donc encouragée. Il faut aussi ajouter que j’étais une fille qui n’aimait pas le conformisme et j’aimais surpasser tout ce que les femmes font. J’ai toujours aimé faire les choses que les femmes ne doivent pas faire et disons que j’ai relevé le défi puisqu’aujourd’hui ceux qui s’opposaient m’apprécient et me félicitent.

ICF : Rama N’goni a-t-elle déjà participé à des compétitions ?

Rama : J’ai participé à Faso académy 2008 mais malheureusement j’ai été éliminée aux manches éliminatoire parce-que les chansons qu’on nous avait données et sur laquelle je suis tombée après tirage au sort n’était pas trop mon fort vu l’accent mandingue que j’ai. C’est en ce moment que Ismaël Zongo alias Commandant Papus m’a repéré et m’a encouragé. On s’est retrouvé à Ouaga et après ça, il a fait ma production.

ICF : Mis à part la musique, que faites-vous d’autres dans la vie ?

Rama : Depuis toute petite, j’aidais mon père dans la vente de ses médicaments traditionnels dans les marchés. Après la musique, ce que j’aimerais vraiment, c’est faire donc le commerce. À cela s’ajoute le stylisme que je suis entrain de vouloir mettre sur pieds.

ICF : Revenons dans la musique. De vos débuts à maintenant, dites-nous quelles appréciations faites-vous de la musique burkinabè dans son ensemble ?

Rama : La musique burkinabè n’est pas du tout ça. C’est très difficile d’évoluer dans la musique ici au Burkina. À Ouaga ça va encore mieux par rapport à Bobo. Raison pour laquelle j’aime tourner entre Abidjan, Bamako etc pour faciliter les choses. Le milieu du showbiz manque de solidarité et les burkinabé n’aiment pas consommer leur musique. Nous avons de grands talents ici au Burkina mais la majorité des burkinabè ne les valorisent pas et ils préfèrent les artistes étrangers au détriment de leur compatriotes.

Si j’ai une préoccupation, c’est celle de demander qu’on aide et qu’on valorise davantage les artistes burkinabè en général et ceux de Bobo en particulier. Les gens n’ont pas un grand respect pour les artistes d’ici et j’aimerais faire appel à tous les promoteurs et les mélomanes, de mettre tout en œuvre pour la mise en valeur des artistes et de la musique burkinabè. Merci !

ICF : Merci à vous pour cet entretien que vous avez bien voulu nous accorder. Bonne et fructueuse carrière à vous !

 

 

Jérôme SARAMBE (stagiaire)

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