À l’occasion de la Fête de la Musique, focus sur un artiste discret mais résolument engagé, qui conjugue avec brio béton et mélodie. Entre chantiers de construction et créations musicales, l’artiste reggaeman Positif trace son propre chemin, porté par une passion née sur les bancs du lycée.
Dans le paysage musical burkinabè, les parcours atypiques sont autant de témoignages de la richesse culturelle et de la détermination des artistes. Harouna Ouédraogo, connu sous le nom d’artiste Positif, illustre parfaitement cette dualité entre rigueur professionnelle et passion artistique. Ingénieur en génie civil de formation, il a su construire patiemment sa carrière musicale sans jamais abandonner son rêve.
Né dans les années 1980, Positif découvre très tôt la musique. Dès le lycée en 1996, il commence à nourrir ce rêve avec l’appui de son camarade OUEDRAOGO Saïdou qui le met en contact avec Franck Ouédraogo, un musicien batteur et guitariste. Ce dernier devient son premier mentor, lui transmettant les bases de l’écriture musicale, les techniques vocales et la maîtrise de la guitare. Cette initiation marque le point de départ d’un long cheminement.
En 1998, la rencontre décisive avec Monsieur TRAORÉ Désiré, directeur du studio « Dési et les Sympathiques », offre à Positif un cadre pour approfondir son apprentissage. Au sein du studio, il suit assidûment les répétitions, développe son oreille musicale et s’imprègne de l’esprit de collaboration artistique. Ces expériences lui permettent de forger sa sensibilité et d’affiner son style.
Toutefois, malgré plusieurs tentatives de formation de groupes avec ses pairs, ces projets ne voient pas le jour. Conscient des contraintes économiques et des réalités du quotidien, Positif fait le choix pragmatique de poursuivre ses études. Il obtient d’abord un BEP en comptabilité, puis une licence en génie civil. Ce diplôme technique lui assure une stabilité financière, tout en laissant la porte ouverte à son expression artistique.
Loin de renier sa passion, il continue à composer et écrire, cumulant expériences et rencontres. En 2013, il fait paraître « L’Habit de Dieu », un ouvrage publié aux Éditions Luciole, témoignant de sa réflexion spirituelle et de son engagement personnel. Ce travail littéraire souligne une facette moins connue de l’artiste : sa capacité à exprimer des messages profonds au-delà de la musique.
Le tournant majeur survient en décembre 2021, lorsque Positif entre en studio pour enregistrer ses premiers titres professionnels : « Burkina » et « Barka bé ». Ces chansons, empreintes de patriotisme et de gratitude, sont officiellement enregistrées auprès du Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur (BBDA), une étape clé pour la reconnaissance de son travail.
Depuis lors, l’artiste reggaeman Positif multiplie les productions et se fait une place sur la scène musicale locale. Ses textes engagés, porteurs de valeurs sociales et culturelles, rencontrent un écho auprès d’un public qui se retrouve dans ses messages. Son style mêle la douceur de la guitare acoustique à une écriture soignée, fruit d’années d’apprentissage et d’observation.
Au-delà de sa musique, il reste actif sur les réseaux sociaux, où il partage ses créations et interagit avec ses fans. Son parcours est un exemple d’équilibre entre profession et passion, rigueur et créativité.
En cette Fête de la Musique, l’artiste reggaeman Positif incarne avec authenticité l’idée que l’art peut être un puissant moteur de changement, même pour ceux dont le chemin ne suit pas les sentiers classiques. Ingénieur le jour, chanteur la nuit, il bâtit chaque jour des ponts solides entre ses deux univers, pour offrir au Burkina Faso une voix qui lui est propre.
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✍️ Parfait Fabrice SAWADOGO
