Talentueux et passionné, Massa DEME, artiste musicien, auteur et compositeur burkinabè, se présente aujourd’hui comme l’un des porte-voix de la musique folk mandingue à l’international. De passage dans son pays natal le Burkina Faso, l’homme a bien voulu nous accorder une interview au sein des locaux de notre rédaction. L’entretien a essentiellement porté sur ses débuts dans la musique, ses réalisations de l’année et bien d’autres sujets. C’était dans l’après-midi du 4 février dernier.
Du haut de ses 37 ans, Massa DEME est un jeune artiste burkinabè qui a débuté sa carrière depuis les années 1998 en tant que rappeur-slameur. Dans les années 2009, il change son fusil d’épaule et devient chanteur à proprement parlé. En 2019, il réussit un sacre en réalisant son premier album sous le label MCS World Music dont le siège est en France mais qui dispose également d’une représentation à Ouagadougou. L’album est composé de 10 titres. Et dès lors, il entame des tournées avec un calendrier bien chargé. De la sortie de l’album jusqu’à ce jour, l’artiste affirme avoir réalisé une centaine de concerts en Europe contre une vingtaine au Burkina. Il justifie ce fait par l’accueil que reçoit sa musique en Europe par rapport à son pays. Mais il confie travailler d’arrache-pieds pour satisfaire également ses fans au niveau national .
Il rentre tout juste d’un grand festival à l’alliance Française D’Accra, au Ghana, et a été distingué aux CANA 2020 à Ouagadougou, dans la catégorie de l’ artiste burkinabè ayant effectué le plus de prestations à l’international. Pour ce concours, il déclare malheureusement n’avoir pas pu jusqu’à présent entrer en possession de son prix et interpelle Narcisse Ilboudo, le promoteur de l’évènement à être plus professionnel afin de ne pas compromettre ses évènements à venir.
En plus de la tournée européenne en 2021, Massa DEME a été lauréat d’un concours international à Togliatti en Russie. Il s’agit du prix de la chanson francophone 2021. Il estime que cela a été un grand appui pour lui, et un immense honneur de remporter ce prix pour son pays et par là même pour toute l’Afrique. Il a profité de cette occasion pour adresser ses remerciements à Monsieur Claude Revolte, président des Eurochestries Internationales (co-organisateur de ce prix) et à sa productrice Sylvette Leblanc qui a effectué les démarches pour l’inscrire à ce concours. Sa gratitude va aussi à l’endroit de MCS World-Music qui a produit son album.
Le milieu de la culture de façon générale et le secteur de la musique en particulier ayant été très éprouvé ces deux dernières années du fait de la pandémie liée au Coronavirus, Massa DEME n’a pas échappé non plus aux conséquences. Il a été contraint d’annuler une vingtaine de date de concerts en 2021. Et en ce début d’année 2022, il annonce avoir reporté certaines dates de concerts à l’étranger pour le même motif. Cependant, il reste optimiste tout en souhaitant que la nouvelle année connaisse moins de turbulences en défaveur des acteurs culturels.
Dans le domaine de la musique, les difficultés ne manquent pas. Pour sa part, ses moments les plus difficiles dans sa carrière remontent à ses débuts où il apprenait ses premières notes musicales. Selon ses dires, c’était un calvaire pour s’offrir une guitare à ce moment-là !!! Et il fallait prendre attache avec un ami pour emprunter sa guitare pour une ou deux journées et faire 30 à 45 Km à pieds pour la remettre et revenir en larmes. Il indique que parfois on pouvait même refuser de te donner et tu avais des insomnies… Et c’est ainsi qu’après l’acquisition de sa première guitare, il la regardait comme une femme tellement il se sentait soulagé. Il se voyait dans une nouvelle aventure qui lui donnait la possibilité de faciliter son travail et ses créations. Il se réjouit à présent car il dispose à son actif 4 guitares.
Pour ce qui est de la situation du pays, Massa DEME souhaite que le peuple accompagne le nouveau dirigeant et aussi que Dieu montre le droit chemin au président Damiba. Il souhaite en tant que fils du pays la sécurité, la santé, la bonne alimentation, l’éducation pour tous les Burkinabè. Il considère la culture comme primordiale pour toute nation et il n’a pas manqué de le dire en ceministère » « la culture c’est la clef du développement de chaque pays », que la culture soit rattachée à un autre ministère, le plus important c’est qu’elle existe’’. Pour lui, ce n’est pas un ministère qui fait la culture; ce sont les acteurs qui la font. Et le plus important est que la culture demeure et que les acteurs culturels continuent à produire. Il espère que les nouveaux locataires de kosyam comprendront la place de la culture et aussi que les acteurs culturels vont faire des propositions innovantes qui vont oxygéner le domaine au profit des acteurs culturels ainsi que du monde extérieur. Par ailleurs, pour une avancée significative de la culture au Burkina, Massa DEME pense qu’il faudrait un cadre approprié, c’est-à-dire une salle de spectacle digne de ce nom et équipée, qui pourrait accueillir 10 000 places et qui respecterait les normes internationales.
Pour le nouvel an, il a formulé ses vœux les meilleurs à l’endroit de son excellence le Président du Faso en l’invitant à travailler dans le sens voulu par le peuple et en souhaitant par ailleurs la sécurité, la paix et un retour des déplacés dans leurs localités d’origines afin de retrouver leur gagne-pain quotidien et d’assurer la scolarisation de leurs enfants. Pour rappel, Massa DEME est en phase de préparation d’un nouvel album au profit de ses fans, tant au plan national qu’international.
Souleymane FOFANA (stagiaire)
