mar 23 avril 2024

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Interview avec Fasky le photographe « Je fais pas la photo pour faire la photo, je fais la photo pour véhiculer des messages ».

Nommé le photographe humanitaire pour ses gestes et actions sociales envers la communauté, celui qui se dit inspiré par l’émotion et le message que transmet le visage des enfants dans la photographie a dédié un peu de son temps à Infos Culture du Faso pour partager avec le monde son quotidien, sa manière de faire et ses ambitions.

Infos culture du Faso (ICF): Présentez-vous à nos lecteurs ? 

Fasky le Photogrativiste (FP): Mon nom à l’état civil c’est ZERBO Siaka, beaucoup m’appelle Fasky.

ICF: D’où vous viens ce nom « FASKY » ?

FP: Fasky veut dire le FA, qui veut dire Fatoumata, S siaka et KY c’est le nom de mon papa en Samo qui veut dire Dieu donc c’est une composante de mes parents.

ICF: Depuis quand faites vous de la photographie ?

FP: Depuis longtemps que je faisais la photographie. C’est à partir de l’an 2000 que j’ai essayé de me lancer fort dans la photographie.

ICF: Pourquoi certains vous appellent Photographe humanitaire ?

FP: On m’appele comme ça parce que j’ai bossé pour beaucoup de projets gratuitement donc la plupart du temps, j’aide les gens à réaliser leur projet surtout. C’est pourquoi on m’appelle photographe humanitaire.

ICF: Parlez nous de vos débuts dans la photo message? 

FP: Bon! moi je n’ai pas eu de début dans la photographie, mes premiers clichés a commencé directement par un expo photo en Irlande et en France. C’est la photographie qui est venue vers moi, je n’étais pas photographe, j’étais artiste-chanteur au début. Donc grâce à des amis français qui voulaient faire des photos à Bobo-Dioulasso, ce n’était pas possible qu’ils fassent ces photos eux mêmes, ils m’ont proposés de les faire. Paf c’est partir directement.

ICF: Mais qu’est ce qui vous a motivé à continuer dans la photographie ?

FP: Je dis tout le temps que je ne suis pas photographe, j’aime la photo. Je ne suis pas photographe, je suis photogrativiste, je fais de la photogrativisme. Ne fouille pas dans le dictionnaire, c’est mes propres termes. La photogrativisme c’est quoi, c’est le fait de véhiculer des messages par des photos. C’est de revendiquer, c’est de montrer la joie, la peine dans ma photo.

 

ICF: Votre situation d’handicap ne constitue t’il pas un obstacle pour votre carrière ?

FP: C’est un avantage pour moi, mon handicap me permet de surmonter, de donner le meilleur de moi même. Pourquoi, je dis que c’est un avantage parceque en reportage, je suis le plus vu des autres. C’est les gens qui me voient handicapé, je ne suis pas un handicapé. Être handicapé, c’est dans la tête. Personnellement, j’ai surmonté cette étape depuis des années. C’est une force en moi.

ICF: Vous avez déjà participé à des compétitions ?

PF: Je n’aime pas les compétitions. L’art pour moi, c’est pas une compétition. Comme je l’ai dit, mes premiers clichés ont commencé par une exposition en Europe. Donc, je peux dire que je suis plus connue en Europe qu’au Burkina Faso ici. Je suis l’un des nouvelles générations des jeunes Bobolais qui a fait des expos en Europe. En 2016, j’ai fait un expo photo en Allemagne et en France. Après, je suis rentré au bercail, j’ai fait des expos groupés. Je vais dire quelque chose, qui va peut être vous surprendre, à vrai dire, je ne suis pas photographe, je suis plus videomaker que photographe, je suis plus réalisateur de films documentaires plus que photographe. C’est ma formation comme ça. Mais la photographie pour moi c’est une autre arme. Pour moi, l’appareil photo, c’est mon arme. Je ne fais pas la photo pour faire la photo, je fais la photo pour véhiculer des messages à travers la photographie.

ICF: Avez vous déjà remporté un prix ?

FP: Non, les prix ne m’intéressent pas.

IFC: Comment vous vous voyez dans 10 ans ?

FP: Bon, dans 10 ans, je peux dire que beaucoup seront surpris. Peut être le Burkina va me perdre. Pourquoi, je dis ça parce que peut être, je serai cauché à une autre nationalité. Je défends la culture Africaine, je suis le porte flambeau de la culture africaine et non de la culture Burkinabé. D’abord, je ne suis pas née au Burkina, même si je le suis de père et de mère. Je suis citoyen du monde, je circule librement dans le monde.

ICF: Dans quel genre de photographie évoluez vous ?

FP: Bon! moi j’évolue beaucoup dans la photogrativisme, surtout, je me sens bien avec les enfants. D’autres amis photographes m’appellent photographe des enfants. Parce que en photographiant les enfants, je me sens très bien. Les enfants, ils sont innocents, ils me donnent tous. Parce que je ne fais pas la photo car je dois faire la photo, moi je m’exprime par la photo. Je ne sais pas comment expliquer. Je peux faire le portrait des enfants, montrer comment l’enfant se sent, de la manière dont il est. Je ne suis pas photographe de mariage, je ne suis pas photographe évènementiel mais on me vient à des évènements. Je suis plutôt photogrativiste comme tu viens de le dire, je suis photographe humanitaire. Quand on parle de l’humanitaire, on voit les enfants dedans. Les enfants me donnent ce que je recherche dans la photographie. Mon dernier expo en France et en Allemagne s’était le regard des enfants du Faso.

ICF: Quels sont vos projets ?

FP: On vient de commencer un projet  » Mon identité » si tout va bien c’est un grand projet, qui sera exposé aux Etats Unis. On est deux dans ce projet et on vient de faire 10 jours de dure création, on re-entre, ça demande beaucoup de moyen après on va ressortir. Le projet s’est exposé ces photos aux Etats Unis dans une école, dans la ville de Barack Obama. Il y’a beaucoup de noir dans cette ville et quand on parle de l’identité, beaucoup de gens se posent la question. Avant on avait des identités, quand on te voyait, on savait que tu venais directement de tel pays donc nous on re-entre en création sur ça qui sera bientôt exposer là-bas. Y’a un musée également ou toutes les photos seront déversées donc c’est un projet colossal, on est entrain de travailler.

ICF: Parlez-nous des difficultés que vous rencontrez dans votre travail?

FP: Dans tout boulot, il y’a des difficultés. Le vrai problème ici au Burkina Faso, et ça me fais beaucoup rire, en tant que photographe, on te voit d’un mauvais œil, on pense que tu es le plus raté de la société donc on nous soutient pas. La plupart des gens qui me soutiennent, ils sont à l’international pas au Burkina Faso. La seule personne qui me soutient ici c’est mon grand frère, il a eu a payé deux fois mon billet d’avion, pour mes formations en Europe. Le reste c’est mes amis italiens, allemands. C’est mes amis européens qui me soutiennent de fois materielement avec les techniques de base. Depuis j’ai commencé, aucune structure Burkinabé m’a approché pour me soutenir. Donc le pays même que tu défends te donne dos. Mais c’est les lois de la vie. C’est avec ça aussi j’essaie de grandir.

ICF: Y’a-t-il des personnes ou des personnalités dans la photographie qui vous inspirent ?

FP: Y’a des personnalités qui m’inspire beaucoup surtout au Burkina Faso. Comme mon papa qui est à Bobo Monsieur Paul Kabré , c’est un photographe qui m’inspire c’est grâce à lui que je suis ce que je suis aujourd’hui. C’est lui qui m’a beaucoup conseillé. Nestor Da qui est aujourd’hui en France, c’est l’un des plus grands photographe. Je l’ai pas connu comme ça mais c’est au Mali lors du festival sur le fleuve Niger qu’un photographe français me demande si je connais Nestor Da, c’est un bon photographe et pourtant il n’est même pas connu dans son propre pays surtout dans sa ville même qui est Bobo-Dioulasso. On a de grand photographe. Au lieu de m’inspirer des photographes d’Europe ou d’Afrique je préfère m’inspirer des photographes du Burkina.

ICF: Un message à passer ?

FP: Le message que j’ai envie de lancer c’est que la jeunesse se lance dans la photogrativisme. C’est pas de faire des photos pour faire des photos. Même avec le téléphone portable on fait de la photogrativisme. Après la pluie, tu sors dans ton quartier, ce qui ne va pas, tu photographies et tu met sur le net. Nos dirigeants n’ont plus le temps de venir voir notre souffrance, mais grâce aux réseaux sociaux on peut tout faire, s’ils refusent de voir nous on les montrent. Je suis l’un des photographes qui parlait beaucoup de la ville de Bobo sur Facebook parce que avant, moi je me promenait et là où ça ne va pas je prenais des photos. J’ai beaucoup fais ça. C’est comme ça un photogrativiste. Il faut que la jeunesse se lance dedans. C’est l’un des projets far que j’ai envie de piloter au Burkina Faso, de former beaucoup de jeunes dans la photo.

ICF: Un dernier mot

FP: Je remercie votre structure (Infos Culture du Faso) que je connais très bien, du courage surtout, surtout à votre passion et aussi que la jeunesse africaine se bat. On peut faire mieux que ça, on a beaucoup de talent.

 

Abdoulaye Coulibaly (stagiaires)

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