jeu 8 mai 2025

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Honorable Princesse Yabré Juliette KONGO : une gardienne de la mémoire féminine moaga

À l’occasion du Mois du patrimoine burkinabè, lumière sur une femme d’exception qui conjugue héritage royal, engagement culturel et défense de la mémoire collective. L’Honorable Princesse Yabré Juliette KONGO, fondatrice du Musée de la Femme de Kolgondiéssé, œuvre avec passion à la préservation des savoirs et symboles liés aux femmes de la cour royale du Moogho. À travers ses actions, elle réaffirme le rôle essentiel de la femme dans la transmission des valeurs, de l’histoire et de l’identité du Burkina Faso.

Née le 24 mai 1966 à Ziniaré, l’Honorable Princesse Yabré Juliette KONGO est petite-fille du Moogho Naaba Koom II, et fille du troisième fils de ce monarque mossi. Sa famille incarne l’alliance traditionnelle entre les royaumes moaga et les chefferies voisines, comme en témoigne l’union d’une de ses tantes paternelles, fille du Moogho Naaba Koom II, donnée en mariage au chef peulh du canton de Barkoundouba. L’Honorable Princesse Juliette KONGO revendique avec fierté ses racines royales, tout en les mettant au service du bien commun.

Députée à l’Assemblée nationale, ancienne conseillère à la Présidence du Faso, elle a toujours porté un intérêt particulier aux questions de culture, d’identité et de développement. C’est dans cette dynamique qu’elle crée en 2006 le Musée de la Femme de Kolgondiéssé, à six kilomètres de Ziniaré et environ 40 kilomètres de Ouagadougou. Ce lieu unique, conçu selon l’architecture traditionnelle en cases, rend hommage aux reines de la cour royale du Moogho Naaba, ces femmes à haut statut qui ont accompagné le roi dans ses fonctions spirituelles, sociales et politiques.

Chaque case du musée met en scène un aspect du vécu féminin ancestral. On y découvre des objets symboliques comme les colliers de perles, les pilons, les canaris, les chevillières, et même un mystérieux « casse-sexe », vêtement rituel utilisé lors des funérailles. Une case peule, construite en hommage à une tante maternelle de l’Honorable Princesse, incarne l’esprit de dialogue culturel entre communautés burkinabè. D’autres espaces sont consacrés aux fétiches protecteurs et aux instruments de vie quotidienne, présentés dans leur contexte d’usage traditionnel.

Contrairement aux représentations souvent réductrices, les femmes qui ont servi à la cour royale du Moogho Naaba n’étaient pas de simples accompagnatrices ou servantes. Elles occupaient une place centrale dans l’organisation du royaume : véritables reines, elles étaient dépositaires de la parole royale, de la spiritualité ancestrale et des traditions moaga. Par ses recherches, son discours et son musée, l’Honorable Princesse KONGO rétablit cette vérité historique et donne à ces femmes la reconnaissance qu’elles méritent.

Officiellement inauguré le 8 mars 2024, en présence du ministre d’État chargé de la Culture, Jean Emmanuel Rimtalba Ouédraogo, le musée se veut aujourd’hui un outil pédagogique, un lieu de mémoire et un espace de dialogue intergénérationnel. Il accueille des visiteurs sur rendez-vous et constitue une halte incontournable pour les chercheurs, les touristes et les amoureux du patrimoine.

Au-delà de son œuvre muséale, l’Honorable Princesse Juliette KONGO est aussi Reine Mère du royaume de Bangoulap (Cameroun), membre du Conseil mondial du panafricanisme, du Conseil international des musées (ICOM), et lauréate du 1er prix de l’Amazone NANGA, décerné en 2023 au Bénin, en reconnaissance de sa combativité et de sa dignité en tant que femme africaine. Lors de cette cérémonie, le prix de la Princesse trônait aux côtés du prestigieux Prix de la Résistance africaine attribué au Président Laurent Gbagbo, soulignant le caractère profondément symbolique et politique de son engagement.

À la fois femme politique, actrice culturelle et figure spirituelle, l’Honorable Princesse Yabré Juliette KONGO incarne une passerelle entre passé et avenir, entre tradition et modernité. À travers son engagement, elle contribue à revaloriser la place de la femme dans la mémoire collective et à faire du patrimoine un outil de fierté et de résilience nationale.

Parfait Fabrice SAWADOGO

1 COMMENTAIRE

  1. J’ai téléchargé ses interviews sur la question que j’aime revoir de temps à autre.c’est vraiment instructif.longue vie à elle.

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