À l’occasion du Mois du patrimoine burkinabè, coup de projecteur sur un lieu unique de conservation et de transmission de la mémoire féminine : le Musée de la Femme de Kolgondiéssé. Niché dans la commune de Ziniaré, ce sanctuaire fondé par l’Honorable Princesse Yabré Juliette KONGO dévoile une richesse insoupçonnée d’objets et de savoirs ancestraux liés aux reines de la cour royale mossi. Une plongée authentique dans l’âme culturelle du Burkina Faso.
Situé à 6 kilomètres de Ziniaré et à environ 40 kilomètres de Ouagadougou, le Musée de la Femme de Kolgondiéssé est bien plus qu’un simple lieu d’exposition. Fondé en 2006 par l’Honorable Princesse Yabré Juliette KONGO, ancienne députée et descendante directe du Mogho Naaba Koom II, le musée est né d’un devoir de mémoire et d’un engagement pour la sauvegarde du patrimoine. Il s’inscrit dans une volonté affirmée de faire revivre et de préserver les traditions, pratiques et savoirs liés aux femmes moaga en particulier celles qui ont été reines de la cour royale mossi.
L’histoire familiale de la fondatrice illustre pleinement la dimension historique de ce projet. En effet, sa tante paternelle, fille du Mogho Naaba Koom II, fut donnée en mariage au chef peulh du canton de Barkoundouba. Ce geste, hautement symbolique, témoigne du rôle stratégique que jouaient les reines dans le renforcement des alliances entre peuples et dans l’équilibre sociopolitique du royaume.
Le musée, conçu dans le respect de l’architecture traditionnelle moaga, est composé de plusieurs cases, chacune illustrant un pan du vécu féminin ancestral. À l’intérieur, le visiteur découvre une impressionnante collection d’objets usuels et symboliques ayant appartenu aux reines de la cour : colliers de perles, chevillières, canaris, pilons, ustensiles de cuisine, ainsi qu’un vêtement rituel rare appelé casse-sexe, utilisé lors des funérailles. Chaque objet est porteur de sens et chargé de mémoire, restitué avec précision et passion par la fondatrice elle-même, qui guide régulièrement les visiteurs.
Parmi les structures remarquables, on retrouve une case dédiée aux fétiches, symboles de spiritualité et de protection, ainsi qu’une case peule, érigée en hommage à une tante maternelle peule de la promotrice. Ces espaces témoignent de la richesse interculturelle du Burkina Faso et soulignent la diversité des influences qui ont nourri la tradition moaga.
Bien que le musée ait ouvert ses portes depuis 2006, c’est le 8 mars 2024, en marge de la Journée internationale des droits des femmes, qu’il a été officiellement inauguré par le ministre d’État chargé de la Culture, Jean Emmanuel Ouédraogo. Cette reconnaissance marque un tournant dans la visibilité du lieu, désormais positionné comme un espace clé de préservation du patrimoine matériel et immatériel du Burkina Faso.
Ouvert sur rendez-vous et situé à seulement 600 mètres de la RN3, le Musée de la Femme de Kolgondiéssé est une halte incontournable pour toute personne soucieuse de comprendre le rôle fondamental des femmes dans l’histoire nationale. Il se présente comme un lieu de mémoire, de savoir, mais aussi d’émotion, où l’on redécouvre les fondements d’une société profondément enracinée dans le respect des ancêtres et des valeurs familiales.
En ce Mois du patrimoine burkinabè, la visite de ce musée s’impose comme un devoir de mémoire et un acte de valorisation de la femme, gardienne de la tradition, de la famille et des valeurs spirituelles du Burkina Faso.
Parfait Fabrice SAWADOGO
