Parmi les trésors culinaires du Burkina Faso, le Gnon également appelé Gnonkon ou Gonré selon les régions occupe une place singulière. Ce mets traditionnel, savoureux et nutritif, est encore très présent dans les habitudes alimentaires de plusieurs communautés, notamment chez les Bissa, Mossi et dans certaines zones du Centre-Sud et de l’Est du pays.

À l’origine, le terme « Gnon » est issu du dioula et signifie « boule » ou « petit tas », en référence à sa forme compacte. Il désigne des boulettes ou galettes faites à base de feuilles vertes (principalement de haricot), de céréales locales comme le petit mil concassé ou le couscous, et de pâte d’arachide. La potasse ou le bicarbonate est souvent utilisé pour attendrir les feuilles et faciliter la cuisson.

La préparation du Gnon suit un processus bien codifié. Les feuilles de haricot sont d’abord lavées, pilées ou finement hachées, puis mélangées à de la potasse et du sel. Ensuite, on y ajoute les céréales et la poudre d’arachide pour obtenir une pâte homogène. Celle-ci est façonnée en petites boules ou galettes, puis cuite à la vapeur pendant une quarantaine de minutes. Une fois prêtes, ces boules peuvent être dégustées seules ou accompagnées d’une sauce simple à base de tomates, d’oignons frits, de piment, ou encore du tô ou du riz.

Plat à la fois économique, équilibré et nourrissant, le Gnon est riche en protéines végétales, en glucides et en fibres. Il est couramment consommé lors de repas familiaux, mais aussi lors d’événements festifs comme les mariages, baptêmes ou autres rassemblements communautaires. Au-delà de sa valeur nutritionnelle, le Gnon est un marqueur culturel fort qui témoigne du lien étroit entre alimentation, identité et transmission des savoir-faire culinaires au Burkina Faso.

À une époque où la mondialisation influence fortement nos assiettes, le Gnon se dresse comme un symbole de résilience culturelle et d’identité gastronomique. Au-delà d’un simple mets, il incarne un savoir-faire ancestral, une économie locale dynamique et une manière de célébrer la convivialité à travers la cuisine. Préserver et transmettre ce patrimoine culinaire, c’est non seulement honorer nos racines, mais aussi offrir aux générations futures le goût authentique de leur héritage.
Crédit photos : Mam Sank
Parfait Fabrice SAWADOGO