À l’ouest du Burkina Faso, au carrefour de plusieurs civilisations, s’étend une région dont le nom résonne encore dans la mémoire collective : Guiriko. Héritage d’un ancien royaume fondé au XVIIIe siècle par les Marka, ce territoire fut autrefois une puissance économique, politique et culturelle. Sa capitale, Sya, est aujourd’hui connue sous le nom de Bobo-Dioulasso, deuxième plus grande ville du pays et capitale culturelle par excellence.
Pendant plusieurs décennies, le royaume de Guiriko a joué un rôle clé dans le commerce régional, reliant les forêts du Sud aux marchés du Sahel. Or, sel, coton, bétail, mais aussi savoirs et traditions y circulaient. Si l’histoire du royaume n’est plus enseignée avec l’intensité qu’elle mérite, ses traces sont encore bien vivantes dans les récits oraux, les pratiques sociales et les sites historiques que la région conserve jalousement.
La région de Guiriko est un véritable vivier culturel. Elle rassemble une diversité ethnique rare Bobo, Dioula, Marka, Bwaba, Peuls, Sénoufo qui continue de faire vivre des traditions ancestrales. Les musiques rituelles, les danses masquées et les fêtes coutumières témoignent d’un attachement profond à l’identité locale. Le balafon, joué lors des cérémonies de réjouissance ou d’initiation, incarne cet héritage vivant ; il est d’ailleurs reconnu par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
À Bobo-Dioulasso, la culture est omniprésente. La ville abrite des structures culturelles majeures comme la Maison de la Culture, le Centre Siraba, ou encore de nombreux studios et ateliers d’artistes. Chaque année, des événements artistiques d’envergure s’y tiennent, attirant créateurs, chercheurs et touristes.
Outre son patrimoine immatériel, Guiriko offre une diversité de sites touristiques à forte valeur symbolique. La vieille mosquée de Dioulassoba, avec son architecture soudano-sahélienne, fascine par sa simplicité majestueuse. Le vieux quartier de Sya, avec ses ruelles étroites, ses autels sacrés et ses familles anciennes, transporte le visiteur dans une autre époque et le musée Sogossira. D’autres espaces naturels, comme la forêt classée de Kou ou la mare aux hippopotames de Bala, située dans la province du Houet, permettent de découvrir une nature préservée tout en s’ouvrant à un tourisme écologique de proximité.
Pour accueillir les visiteurs, la région, surtout dans sa capitale culturelle, dispose d’une offre hôtelière relativement développée. À Bobo-Dioulasso, on trouve des établissements modernes comme Laïco Hôtel Ouest, Pacific Hôtel, ou encore le Sissiman, aux côtés d’auberges et maisons d’hôtes comme La Villa Rose ou Le Baobab. Les services y sont en amélioration constante, même si certaines zones rurales restent encore peu couvertes.
La restauration locale, riche et savoureuse, constitue aussi un atout majeur. Riz gras, tô à la sauce gombo, poisson braisé, brochettes, dolo traditionnel et chitoumou (chenilles riches en protéines, typiques de la région) complètent le tableau d’un accueil à la bobolaise, chaleureux et généreux.
Malgré ce potentiel considérable, la région de Guiriko reste encore trop en marge des grands circuits touristiques. L’insuffisance des infrastructures routières, le manque de formation des guides, ou encore la faible promotion institutionnelle de la région constituent des freins à son essor. Il convient également de mieux clarifier et valoriser l’identité historique de Guiriko, qui dépasse les seules limites administratives actuelles.
Pourtant, avec une stratégie culturelle et touristique bien pensée, un accompagnement des collectivités locales, et l’implication du secteur privé, Guiriko pourrait devenir une destination phare du tourisme historique, culturel et naturel au Burkina Faso.
Car au-delà de son glorieux passé, Guiriko incarne l’avenir d’un tourisme durable, enraciné dans l’histoire, porté par la culture, et ouvert sur le monde.
Parfait Fabrice SAWADOGO
Journaliste culturel – Infos Culture du Faso
