jeu 28 mars 2024

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Création chorégraphique : Le danseur Siaka Coulibaly s’exile sur scène.

« L’Exil » est une création artistique qui fait vivre les expériences du danseur frustré de vivre comme un étranger chez lui. Il s’agit d’un spectacle de danse contemporaine dont le décor traite le sujet d’exode rural, se questionne ses raisons. 

En 15 minutes, Siaka Coulibaly illustre sur scène la question de la migration spécifiquement du phénomène de l’exode. « Qu’est-ce qui pousse les jeunes à l’exil, et que fait-on pour eux ? A-t-on cherché la cause de leur départ », se questionne le jeune Siaka, la bande de tissu oblique enrôlé sur le corps qui symbolise la mort. En effet, à travers l’exploration de mouvement dorsaux, des gestes saccadés, des chutes, le danseur interprète Siaka Coulibaly exprime la brutalité du quotidien des migrants dans leur quête perpétuelle de la dignité, de la justice et de la liberté.

Une recherche d’ailleurs, qu’il retrace, sans faire alluvion à la migration au sens large.  Dans le faible éclairage du plateau, le chorégraphe se laisse fasciner par les sons stridents de la flûte, les rythmes traditionnels et les voix hors champ, installent les couleurs de la danse. Une telle chorégraphie de l’emprunte des jeunes du chemin de l’exil qui révèle l’individu défavorisé qui préfère le risque de mourir à travers le fait de réussir. « L’idée de cette création est inspiré de ma propre histoire où je suis venu vivre avec un cousin. J’habitais chez lui et j’avais le sentiment de ne pas être chez moi et surtout dans mon pays. Parfois, je n’avais pas le gout de rentrer à la maison car mon cousin avais des comportements indésirables par lesquels je me suis sentis mort», confie le jeune danseur. Outre le silence rythmé par le souffle de la respiration, l’imaginaire se prolonge dans la chorégraphie de l’imaginaire des peurs, dans la surprise de la réalité et dans la réalité de l’inconnu.

« On dit qu’ils iront mourir, mais ils sont partent avec l’idée qu’ils sont déjà morts intérieurement », déplore le danseur Coulibaly. Un flux d’inquiétudes constant du froid et qui se dissipe dans un courage à la souffrance et arrache dans l’âme meurtrie la phobie de l’inconnu. « Si vous prenez une personne qui va pour mourir dans la mer, il part avec l’idée que, soit il meurt, soit il réussit. Car, une personne qui est prête pour mourir, qu’on reconnaisse qu’en fait, il est déjà mort », insiste Coulibaly. A l’écouter, le malaise de vivre surpasse les grosses souffrances dont les quelques instants d’espoir du personnage qui frappent ses décisions d’une conviction profonde à la foi de vivre la mort face à la folie de s’exiler. Ainsi, Siaka s’exile et considère ce « Exil » prospéré en lui, par expérience et qui se voit comme une sorte d’exécutoire de la condition humaine. « J’exprime par-là, les frustrations qu’on a avant de partir en exil », déclare-t-il.

S’exiler, c’est perdre son identité culturelle
Par ailleurs, « Exil» décrit aussi la perte de l’identité culturelle qui se présente dans un spectacle et met à nu les violences issues du dégout de vivre. La chorégraphie de Siaka Coulibaly s’exprime dans les angoisses de l’individu en exode qui se regagne dans les mouvements des mains sur la gorge. Par la suite, il fait embellir clairement le décor par l’exode d’une ville à une autre, d’un village  à un autre transportant une valise du départ. C’est d’ailleurs, sur une chaise qui marque de l’indépendance économique et sociale dans le pays d’accueil, qu’une joie éphémère s’installe. Une fois exilé, les remords s’expliquent dans la solitude d’avoir abandonné la terre natale.

Car, au-delà des incertitudes dans l’avenir qui rongent la jeunesse en manque d’emploi, l’exode se découvre en eux comme un défi de la recherche de l’immédiat de vivre dans la paix mais superficielle. Pour lui, sa représentation porte sur l’existence d’un jeune homme victime dont les vécus touchent des thématiques universelles de l’amour du prochain, de la solidarité et de la quête du bonheur. Il s’agit, pour le chorégraphe Siaka Coulibaly, de dénoncer les maux qui poussent les jeunes à emprunter les sentiers désagréables de l’exil. Enfin, sur les gestes profonds, il fait ressentir non seulement une expression de l’exil de soi chez soi mais aussi de l’exil de soi dans soi. Et de conclure : «  le sentiment et l’amertume d’être étranger dans son propre pays ramène l’individu à être étranger à soi-même. »

Achille ZIGANI

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