jeu 28 mars 2024

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CINÉMA: la comédienne Odilia Yoni revient sur sa carrière cinématographique

Véritable icône du cinéma burkinabè, l’actrice comédienne Odilia Yoni, a pu redonner le sourire à plus d’un. Connue communément pour son personnage de la femme de M’Babouanga, elle a bien voulu nous accorder une interview le vendredi 8 Avril dernier à Ouagadougou. C’est sans langue de bois qu’elle nous a entretenu sur sa carrière ainsi que sur d’autres sujets importants.

Infos Culture du Faso (ICF): Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs s’il-vous-plait ?
Odilia Yoni (OY): Je me nomme Madame Congo née Odila Yoni alias Madame M’Babouanga ou Madame Ladji. Je suis actrice comédienne de cinéma.

ICF: Comment êtes-vous arrivée dans le cinéma ?
OY:Je n’ai pas commencé par le cinéma mais par le théâtre radiophonique à l’époque. Après plusieurs années, on a voulu changer un peu les choses parce que j’étais au service de la DPA (Direction d’audiovisuel). En effet, on nous a ramenés dans les ministères de la Culture où j’ai rejoint la troupe de l’ATB (Atelier de théâtre du Burkina) en 1992. C’est suite à cela que j’ai rejoint le cinéma.

ICF: C’est quoi être une bonne actrice selon vous?
OY:Être une bonne actrice c’est de savoir interpréter son rôle, pouvoir incarner le rôle qu’on t’a donné, savoir satisfaire le réalisateur et pouvoir faire passer le message.

ICF: Pouvez-vous nous revenir sur votre filmographie ?
OY: J’ai joué dans beaucoup de film comme « Buud Yam » de Gaston Kaboré, « Le monde est un balaie » de Issa Traoré, « Silmandé » de Saint pierre Yameogo, « Ma parcelle ou ma mort » de Zida Aboubacar Sid Naaba , « Trois hommes un village »,  » Trois femmes un village » de Aminata Diallo Glez, « Les enfants de la guerre » de Adama Rouamba, « La nuit de la vérité » de Fanta Nacro, « La mariée était barbue » de Valérie Kaboré, « Dossier brûlant » de Aboubacar Diallo, « L’or de Younga » de Aboubacar Diallo.

ICF: Dites-nous comment s’est passé votre premier pas en tant qu’actrice ?
OY: J’ai fréquenté l’école missionnaire de Koupela et chaque fin d’année, on organisait une petite fête pour nous dire au-revoir. C’est là que nous avons décidé de créer des théâtres pour faire la mise en scène. En fait, j’incarnait un rôle dans ce théâtre. C’était mon premier pas en tant que comédienne.

ICF: Êtes-vous satisfaite de votre vie cinématographique ?
OY: Je peux dire oui et non. Oui dans un premier temps parce que le cinéma m’a ouvert beaucoup d’opportunités. A travers donc les films dans lesquels j’ai joués, je suis un peu connue; donc je peux dire que c’est déjà une bonne chose. Non dans un deuxième temps, parce qu’ il faut être dans le milieu pour comprendre. Nous ne vivons pas de notre art car nous souffrons. Pour ceux qui ne connaissent pas, ils disent que nous vivons dans le beurre et pourtant, il y a des moments où nous tirons le diable par la queue. On n’est laissé à nous-même surtout, au Burkina Faso.

ICF: Est-ce que le cinéma nourrit son homme ?
OY: Pour ceux qui vivent de ça peut être oui, mais moi particulièrement je peux dire que le cinéma ne nourrit pas son homme.Tout d’abord, je suis un agent de l’État; j’étais fonctionnaire et j’ai pris ma retraite. C’est cela qui me permet de m’entretenir et qui me fait vivre. Sinon, le cinéma, c’est quand, il y a l’occasion. Le film ne fait pas vivre un homme mais la relation humaine. si, Je suis contente et je ne crains rien vu l’amour que me donne tout le monde. Partout où je vais, je me sens épanouis.

ICF: Vous qui êtes dans le domaine depuis longtemps, que pensez vous de la nouvelle génération d’acteur, sinon qu’est-ce qui fait la différence entre les deux générations ?
OY: Il faut dire que l’ancienne génération aimait passionnément le métier. On ne pensait pas qu’il y avait de l’argent dédans donc on prenait cela avec amour. Vraiment, c’était une belle époque, j’ai même joué des scènes gratuites. Mais concernant la nouvelle génération, c’est l’argent qui prime, d’autres mêmes refusent des cachets soit disant que la somme ne leur convient pas.

ICF: quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans ce domaine ?
OY: Il y a trop de difficultés, parfois il y a des réalisateurs qui te demandent de venir participer à un film; tu acceptes de le faire et après tu n’y figure pas sur l’écran. On utilise en fait, ton image pour prendre quelque chose. Souvent, on te propose un cachet et tu leur demandes d’ajouter un peu la somme. Ils refusent et vont prendre quelqu’un d’autre qui a suggéré la même somme. Juste dire qu’il y a un manque de solidarité. Parfois, tu attends qu’une telle personne a touché plus que toi et pourtant son rôle n’était pas plus important que le tien.

ICF: Quels sont vos projets à court et moyen terme ?
OY: Particulièrement, je n’ai pa de projet. Si tu peux pas faire une chose, c’est mieux de ne pas commencer. Si quelqu’un a un projet, je suis prête à l’accompagner mais moi-même je n’en ai pas.

ICF: Pourquoi vous appelle-t-on la femme de M’Babouanga ?
OY: Cela a commencé en 1992, quand j’étais à l’ATB. Le Directeur à l’époque, prenait le soin de fonder différents groupes pour jouer la comédie et après on faisait la synthèse. Dans le groupe où j’étais, j’ai eu la chance d’être avec Hippolyte Ouangrawa et c’est grâce à lui si je suis connue actuellement. On me connaissait juste à travers le théâtre radiophonique. Par la suite, j’ai donné le surnom « M’Babouanga » qui veut dire l’âne, à Hippolyte Ouangrawa. Pour résumer, il va vous aider à résoudre vos problèmes au détriment des siens. C’est pour quoi je lui ai donné ce nom. Depuis le premier tournage, le Directeur me mettait tout le temps avec Hippolyte car le courant passait très bien entre nous deux. Quand il m’arrivait parfois d’oublier certains détails étant sur scène, il suffisait qu’il me regarde pour que je m’en souvienne. En gros, voici la raison pour laquelle on m’appelle Madame M’Babouanga.

ICF: Quelles sont vos attentes par rapport à la nouvelle ministre ?
OY: J’attends à ce qu’elle fasse le nécessaire pour que le cinéma aille de l’avant, qu’elle fasse aussi en sorte que les femmes puissent s’intégrer dans le cinéma car c’est un métier ingrat. Je peux dire que Madame la ministre est une brave dame; elle est courageuse et elle mérite son poste de ministre. Il faut juste qu’elle se batte pour pouvoir atteindre ses objectifs. Je voudrais vraiment qu’elle lutte pour que les femmes soient reconnues, afin que nous ayons plus de femmes réalisatrices car il y en a très peu.

ICF: Nous sommes à la fin de notre entretien, quel est votre dernier mot ?
OY: Je vous dit un grand merci car vous m’avez permis de dire quelque chose qui était dans mon cœur. Je profite de cela pour inviter la jeune génération à être patient et à cultiver toujours la sagesse. Ne pas toujours mettre l’argent au premier plan mais faire ce qui leur plaît, le reste viendra.

Leticia G. YAMEOGO (stagiaire)

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