jeu 3 juillet 2025

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Luili Pendé : L’histoire et la symbolique d’un pagne burkinabè iconique

Il est présent dans les marchés, porté lors des mariages traditionnels, utilisé dans les manifestations patriotiques, et encore aujourd’hui arboré fièrement par des générations de Burkinabè. Le Luili Pendé, pagne reconnaissable entre mille, ne cesse d’habiller les corps tout en racontant l’histoire d’un peuple. Tissu de mémoire, de transmission et de style, il est devenu au fil des décennies un marqueur fort de l’identité burkinabè. Mais d’où vient-il ? Et que signifie-t-il réellement ?

Contrairement au Faso Dan Fani, tissé à la main, le Luili Pendé est un pagne industriel. Il aurait fait son apparition au Burkina Faso dans les années 1940-1950, par l’intermédiaire de pèlerins revenant de La Mecque. Ce tissu, souvent offert en guise de bénédiction ou de remerciement, s’est rapidement diffusé au sein des communautés musulmanes, puis dans l’ensemble du pays. D’autres versions évoquent sa présence sur les marchés grâce aux échanges commerciaux avec le Ghana ou le Soudan. Sa popularité fulgurante s’explique aussi par son accessibilité, sa résistance et sa charge symbolique, notamment au sein des familles mossi où il est rapidement devenu un habit prisé des femmes pour les cérémonies importantes.

Un tissu importé devenu patrimoine

En langue mooré, luili signifie simplement « oiseau », tandis que pendé (ou peende) désigne un « foulard », un « morceau de tissu » ou un « pagne ». L’expression Luili Pendé se traduit donc littéralement par « tissu aux oiseaux », une référence directe aux motifs ornant le pagne. L’image de l’oiseau, dans de nombreuses cultures africaines, évoque la liberté, la paix, le mouvement ou encore le lien avec l’au-delà. Ce tissu porte ainsi, de manière visuelle et symbolique, des valeurs d’élévation, de légèreté et d’espoir. Transmis de mère en fille, il raconte l’appartenance, les liens familiaux et la dignité des femmes burkinabè.

C’est véritablement dans les années suivant l’indépendance du Burkina Faso, en 1960, que le Luili Pendé s’impose comme un tissu national. Aux couleurs rouges, noires et blanches proches de celles du drapeau il devient un symbole de patriotisme et de cohésion sociale. Les femmes s’en parent lors des fêtes, des meetings, des mariages coutumiers et des cérémonies religieuses. Il devient également un outil d’affirmation identitaire, en particulier pour les femmes rurales ou urbaines qui veulent revendiquer à la fois leurs racines et leur engagement dans la société burkinabè en construction.

Une montée en puissance après l’indépendance

Aujourd’hui, le Luili Pendé n’a rien perdu de sa popularité. Il est revisité par les créateurs de mode burkinabè et africains, qui le déclinent en robes modernes, ensembles urbains, accessoires de mode ou tenues d’apparat. Certains stylistes n’hésitent pas à l’associer à des tissus plus contemporains pour créer des pièces hybrides, à mi-chemin entre passé et présent. Le pagne est aussi utilisé dans des campagnes de sensibilisation, des événements culturels et des projets artistiques, preuve que son pouvoir symbolique reste intact. Plus qu’un tissu traditionnel, il est devenu un vecteur d’expression culturelle.

Dans de nombreuses familles, il n’est pas rare qu’un Luili Pendé transmis par la grand-mère soit conservé comme une relique précieuse. Il incarne à la fois la mémoire familiale et la richesse de l’identité burkinabè. Offert en cadeau de mariage, cousu pour la naissance d’un enfant ou porté en signe de respect, il continue de marquer les temps forts de la vie sociale. Ce n’est donc pas un hasard s’il est encore au cœur de l’artisanat burkinabè, mis en avant dans des salons comme le SIAO ou des vitrines d’art textile contemporain.

Un tissu toujours vivant, entre tradition et modernité

Derrière chaque morceau de Luili Pendé, il y a une histoire de transmission, une femme qui le porte, un moment de vie qu’il accompagne. Ce pagne est l’un de ces rares éléments du quotidien qui réussit à lier l’intime au collectif, le tissu au symbole, la tradition à l’expression personnelle. En somme, il est un miroir fidèle d’un peuple debout, fier de ses racines et résolument tourné vers l’avenir.

Le Luili Pendé dépasse largement sa fonction première de simple pagne. Il est un puissant symbole d’identité, de mémoire et de fierté pour le Burkina Faso. À travers ses couleurs, ses motifs et son histoire, il incarne le lien vivant entre les générations, la tradition et la modernité. Porter le Luili Pendé, c’est porter un message de paix, de liberté et d’appartenance un message qui continue de résonner dans le cœur de chaque Burkinabè.

Parfait Fabrice SAWADOGO

2 Commentaires

  1. Buongiorno e grazie per questo bellissimo articolo sul luiili pende ormai simbolo di appartenenza al popolo Burkinabe. Però vi faccio notare che la traduzione delle parole dal Moore all’italiano è completamente sbagliata. “Luiili” non significa rondine ma “uccello” in modo generale (luiila al singolare) e “peende” significa “foulard, pezzo di tessuto, tessuto”. Quindi “un tessuto di uccelli che simboleggia la pace e la libertà “ semmai ma non l’interpretazione che avete dato.
    Penso di aver contribuito a migliorare il testo se possibile correggere.

    • Bonjour,

      Merci beaucoup pour votre lecture attentive et surtout pour votre remarque très pertinente sur l’interprétation du terme Luili Pendé.
      Effectivement, après vérification et en tenant compte de vos précisions linguistiques, il apparaît que « Luili » signifie bien « oiseau » de manière générale (et non spécifiquement hirondelle), tandis que « Pendé » ou « Peende » renvoie à un morceau de tissu ou foulard en mooré.

      Votre contribution permet de clarifier une dimension essentielle de ce pagne emblématique. En ce sens, le Luili Pendé peut ainsi être interprété de façon plus juste comme un tissu orné d’oiseaux, porteur de symboles forts tels que la paix, la liberté et la légèreté, plutôt qu’une métaphore poétique isolée.

      Nous allons bien sûr procéder à la correction de l’article pour qu’il reflète avec davantage de justesse l’étymologie et la symbolique culturelle du pagne.

      Encore merci pour votre apport enrichissant !

      Bien cordialement,
      Parfait Fabrice SAWADOGO, journaliste Culturel burkinabè Infos Culture du Faso

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