Originaire de Ouagadougou, Abdoul Aziz NIKIEMA s’est imposé comme l’un des cinéastes burkinabè les plus constants et engagés de sa génération. Son aventure dans le monde de l’audiovisuel débute à l’ISIS-Studio École, où il obtient en 2008 un diplôme d’ingénieur des travaux audiovisuels, option réalisation. Cet apprentissage solide est complété par plusieurs stages professionnels, notamment à l’Institut des Arts de Diffusion (IAD) en Belgique, qui lui permettent de se confronter aux standards internationaux du métier.
Il se forge rapidement une expérience pratique en travaillant comme assistant réalisateur auprès de figures majeures du cinéma burkinabè et africain : Pierre Yaméogo, Appoline Traoré, Boubacar Diallo, Kollo Daniel Sanou, Michel Zongo, Nissi Joany Traoré, Guy Désiré Yaméogo, Irène Tassembedo, Yamdaogo Kafando… Ce compagnonnage avec des maîtres du 7ᵉ art va durablement nourrir sa vision cinématographique et affiner son style.
Un cinéaste polyvalent entre documentaire et fiction
Abdoul Aziz Nikiéma fait ses premières armes en tant que réalisateur dans le documentaire, un genre qu’il explore avec rigueur et sensibilité. Il signe plusieurs courts métrages documentaires qui interrogent la société et mettent en lumière des enjeux contemporains : Le Recueillement, La Guerre des Terres, L’Or Bleu de Mondon, Agrobusiness, Une élection pas comme les autres, Iqra, R21… Des œuvres engagées, souvent ancrées dans le réel et traversées par une volonté d’interpeller.
En parallèle, il s’illustre également dans la fiction, avec des courts métrages tels que Le philtre d’amour ou L’ombre du doute. Ces créations témoignent d’une imagination vive et d’une capacité à transposer dans la fiction des problématiques sociales profondes.
La consécration avec le long métrage
C’est en 2017 qu’Abdoul Aziz Nikiéma connaît un tournant décisif dans sa carrière avec la sortie de son premier long métrage de fiction Le Prix de la Séduction, une comédie romantique qui séduit autant le public que la critique. Le film est sélectionné au FESPACO 2017, remporte le 1er Prix du Succès Cinéma au Burkina Faso et décroche le Grand Prix du FESTILAG à Abidjan la même année. Une reconnaissance méritée pour un film qui mêle habilement humour, émotion et critique sociale, tout en renouvelant les codes de la comédie sentimentale à l’africaine.
Narration sérielle et reconnaissance internationale
Poursuivant sur sa lancée, le réalisateur s’intéresse à la série télévisée, un format en pleine expansion sur le continent. En 2021, sa série Une vie de rêve est retenue en compétition officielle au FESPACO. Elle remporte deux distinctions majeures au Festival International du Film sur les Droits de l’Homme (FIFIDHO) de Niamey : Prix de la Meilleure série TV et Meilleure interprétation féminine, confirmant son savoir-faire dans la narration sérielle et sa sensibilité aux thématiques humaines et sociales. La même année, la série est également retenue en compétition officielle au Festival Vues d’Afrique au Canada, une autre preuve de sa portée internationale.
Retour remarqué au FESPACO 2025
En 2025, Abdoul Aziz Nikiéma revient sur le devant de la scène avec un nouveau long métrage de fiction : Braquage à Ouaga, présenté en compétition officielle dans la section Burkina Films au FESPACO. Ce thriller haletant, ancré dans le tumulte de la capitale burkinabè, confirme son goût pour les genres variés, tout en conservant sa ligne artistique engagée : un cinéma de divertissement porteur de réflexion.
Une filmographie engagée et cohérente
Film après film, Abdoul Aziz Nikiéma bâtit une œuvre cohérente, riche et profondément enracinée dans les réalités du Burkina Faso et du continent africain. Sa filmographie, entre documentaires percutants et fictions prenantes, s’impose comme un miroir critique de la société, portée par une exigence de qualité technique et narrative.
À la croisée des genres, il fait partie de ces cinéastes qui donnent au cinéma africain une voix forte, ancrée dans le présent mais tournée vers l’avenir. Avec une caméra comme prolongement de son regard sur le monde, Abdoul Aziz Nikiéma continue de tracer un sillon singulier dans le paysage cinématographique burkinabè. À travers ses œuvres, il interroge, sensibilise, raconte et sublime le réel avec lucidité et humanité.
Cinéaste engagé et artisan de l’image, il incarne une génération de réalisateurs africains convaincus que le cinéma peut être à la fois un art, une mémoire et un outil de transformation sociale.
✍🏽 Parfait Fabrice SAWADOGO
