Le 11 mai marque la disparition de Bob Marley, légende du reggae et symbole de résistance par la musique. Cette date résonne avec force au Burkina Faso, où Zêdess, de son vrai nom Seydou Zongo, incarne depuis plus de trois décennies un reggae lucide, engagé, profondément ancré dans la réalité africaine.

Né en 1966 à Aboisso, en Côte d’Ivoire, dans une famille originaire du Burkina, Zêdess fait ses études à Abidjan puis à Ouagadougou, où il décroche une maîtrise en anglais. C’est dans l’enceinte de l’université qu’il enregistre sa première chanson, Mimi, en 1990. Deux ans plus tard, il autoproduit sa première cassette Y’a plus de boulot, titre emblématique qui évoque le désespoir des jeunes diplômés face au chômage.

Il impose un style propre, mêlant reggae jamaïcain, rythmes traditionnels burkinabè et textes en français limpides. Sa musique, souvent teintée d’humour, aborde sans détour les maux de la société. En 1995, Embouteillage traite du chaos urbain pour dénoncer des blocages sociaux plus profonds. Zêdess s’illustre ensuite avec des albums comme Où allons-nous ?, Accroche-toi, Sagesse africaine ou encore Résistances, devenus des repères dans le paysage musical burkinabè.

Du studio à la scène politique
Au-delà de la musique, Zêdess s’est impliqué activement dans la vie publique. Ancien Directeur général du CENASA, il a été candidat à la présidentielle burkinabè de 2015, prônant un changement porté par la jeunesse et les artistes. Sans illusion sur les chances de victoire, il voulait surtout incarner une voix alternative, libre et audacieuse.
Installé en France, il continue de produire une musique sans concession. En 2007, Un Hongrois chez les Gaulois provoque un écho fort avec sa satire de l’immigration choisie. En 2025, il signe un nouveau titre coup-de-poing : Macron, l’Afrique te répond, en réaction aux propos du président français sur la prétendue « ingratitude » africaine. Le morceau devient viral et relance le débat sur les relations Afrique-France.

Un parcours salué, une exigence artistique constante
Réputé pour sa rigueur et son perfectionnisme, Zêdess est également le directeur artistique des Marley d’Or, depuis la première édition de cette cérémonie qui célèbre les figures du reggae africain et burkinabè. Il y veille à la qualité musicale, à la pertinence des messages et à l’éthique des sélections.
Son parcours est couronné de plusieurs distinctions : premier au hit-parade Kilimandjaro d’Africa N°1, deuxième sur MCM Africa/TV5, ambassadeur du REN-LAC et officier de l’Ordre de l’Étalon. Il reste l’un des rares artistes burkinabè distribués à l’international par Sony/BMG.

En 2025, Macron, l’Afrique te répond vient confirmer sa capacité à allier pertinence politique et finesse d’écriture. Saluée pour sa plume et son audace, la chanson invite à une conscience panafricaine renouvelée et digne.
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Un 11 mai, un héritage à célébrer
Ce 11 mai, en mémoire de Bob Marley, Zêdess rappelle qu’au Burkina aussi, le reggae peut être un outil de conscience, d’analyse sociale et de proposition. Sans compromis, il continue de chanter la vérité, avec exigence, humour et lucidité.
Parfait Fabrice SAWADOGO