jeu 17 juillet 2025

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Tchériba : Quand la poterie façonne l’identité et l’économie locale

Dans la commune de Tchériba, située dans la province du Mouhoun au Burkina Faso, la poterie n’est pas simplement une activité artisanale. Elle est le reflet d’un héritage ancestral, d’un savoir-faire transmis de génération en génération, et d’un moteur économique essentiel pour de nombreuses femmes.

Depuis des décennies, les femmes de Tchériba façonnent l’argile avec dextérité, dans le respect de techniques traditionnelles. La fabrication de poteries constitue pour elles une activité quotidienne, parfois la seule source de revenus pour leurs familles. Chaque pièce produite canari, jarre, pot à eau, vaisselle ou objet décoratif porte en elle une part de la mémoire culturelle locale.

La chaîne de production, bien que rudimentaire, est riche d’expertise. L’argile est extraite des sols environnants, tamisée, malaxée et façonnée à la main ou à l’aide d’outils simples. Les poteries sont ensuite séchées au soleil puis cuites dans des fours traditionnels à bois. Malgré l’absence de modernisation, la qualité des pièces reste impressionnante : résistantes, esthétiques et adaptées aux usages du quotidien.

Cependant, la poterie à Tchériba est confrontée à de nombreux défis. L’absence d’infrastructures adéquates rend le travail difficile, surtout en saison pluvieuse. Les artisanes travaillent souvent à ciel ouvert, sans abris, ni équipements modernes. À cela s’ajoute la concurrence des produits industriels (plastiques, aluminium) qui envahissent le marché et réduisent la demande pour les objets traditionnels.

Face à cette situation, des initiatives ont vu le jour. Un centre de transformation et de commercialisation a été mis en place à Tchériba, grâce à l’appui des autorités locales et de partenaires au développement. Ce centre offre un cadre structuré aux potières : espace de production, lieu de stockage, et marché pour la vente de leurs créations. Il favorise également des formations pour améliorer les techniques de fabrication et de gestion.

En plus de cet appui infrastructurel, les potières de Tchériba participent régulièrement à des foires et événements nationaux, comme la Semaine nationale de la culture (SNC), où elles exposent leur talent à un public plus large. Ces occasions permettent de valoriser leur travail, de renforcer leur visibilité, et de créer des opportunités commerciales durables.

Pour assurer la pérennité de cette activité, plusieurs pistes sont envisagées : intégrer la poterie de Tchériba dans les circuits touristiques régionaux, encourager la labellisation des produits artisanaux, et sensibiliser les jeunes à la valeur du patrimoine culturel immatériel. La modernisation contrôlée des outils et des processus de production pourrait également améliorer les conditions de travail, sans pour autant dénaturer la tradition.

En définitive, la poterie de Tchériba est bien plus qu’un simple métier : c’est un patrimoine vivant, une source de dignité et de résilience pour les femmes qui la pratiquent. En soutenant ces artisanes, c’est toute une mémoire culturelle que l’on protège, tout en contribuant à un développement économique ancré dans les réalités locales.

Parfait Fabrice SAWADOGO

Journaliste Culturel -Infos Culture du Faso

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