C’est dans les rues de Koupéla que débute, en 2012, l’histoire musicale de Mido’s L’Avenir. Alors jeune écolier, il se distingue déjà par sa voix, héritée des chants que lui transmettait sa grand-mère. À l’école, il se fait remarquer en animant des séances musicales improvisées avec ses camarades. Cette passion, d’abord ludique, devient un véritable moteur pour lui.

Mais en 2014, à son arrivée à Ouagadougou, sa trajectoire prend une tournure dramatique. Il se retrouve sans-abri, dormant sous l’échangeur de l’Est. Dans cette précarité, la musique reste sa seule échappatoire. Avec d’autres enfants des rues, il chante pour survivre, s’inspirant notamment de passages du Coran qu’il adapte en mélodies pour attendrir les passants. Cette créativité spontanée lui vaut une certaine popularité dans les rues, bien qu’elle ne le mette pas à l’abri du besoin.
Un chemin de résilience et d’acharnement
Grâce à quelques opportunités, il devient apprenti chauffeur de camion dans les environs. Mais cette stabilité est de courte durée. À nouveau livré à lui-même, cette fois près du SIAO, il bénéficie de l’aide spontanée de certains étudiants qui lui offrent des tickets pour manger au restaurant universitaire. Avec les maigres revenus gagnés à travers divers petits boulots, il parvient à louer une chambre dans le quartier de Katre-Yaaré.
Entre 2021 et 2022, Mido’s commence à enregistrer ses premiers morceaux dans plusieurs home-studios de la capitale, notamment à Karpala, Tampouy et Gounghin. Ces débuts marquent une étape décisive dans sa vie : la musique ne sera plus seulement un refuge, mais une voie professionnelle assumée.

“Béo-Biiga”, un album comme une catharsis
En 2023, il sort Béo-Biiga, son tout premier album. Composé de cinq titres – Rakonré, Béo Biiga, Inch’Allah, Tond Léwamin et M’dolé – le projet reflète un parcours marqué par les épreuves mais aussi par la foi, la persévérance et l’espoir. L’œuvre est dédiée à son producteur, décédé peu avant la sortie. Un hommage émouvant à celui qu’il décrit comme “un père, une mère, un frère, un ami”.
L’un des morceaux phares de l’album, Rakonré (l’homme célibataire, en mooré), traite du célibat masculin dans les milieux urbains burkinabè. Mido’s y explore les joies, les frustrations et les pressions sociales vécues par de nombreux jeunes hommes. Le titre a été accompagné d’un clip simple et efficace, qui illustre avec sensibilité les réalités du quotidien d’un homme seul.

Une première scène et une ambition nouvelle
Mido’s a fait ses premiers pas sur scène lors du Festival de la musique de Kolog-Naaba. Une expérience fondatrice qui l’a convaincu de se professionnaliser. Depuis, il se produit en playback tout en cherchant activement des instrumentistes pour faire évoluer ses performances vers le live.
Artiste de terrain, façonné par les réalités sociales, il s’inscrit dans une dynamique musicale authentique, loin des artifices. Inspiré par des artistes comme Floby, il entend néanmoins tracer sa propre voie : une musique enracinée, sincère, et engagée.
Par ailleurs, l’album Rakonré est désormais disponible sur toutes les plateformes d’écoute. Le public est invité à soutenir l’artiste en partageant son œuvre, en l’écoutant et en laissant ses impressions.
Le clip du titre Rakonré est à découvrir sur YouTube à l’adresse suivante :
Parfait Fabrice SAWADOGO