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Mariam Koné : une voix pour la tradition et les femmes artistes

Mariam Koné fait partie des rares conteuses burkinabè dont la voix et le parcours ont su traverser les frontières. Dans un domaine culturel encore majoritairement masculin, elle s’est imposée avec finesse et conviction comme une ambassadrice de l’oralité africaine, du Burkina Faso aux scènes internationales.

Sa voix, les Burkinabè la connaissent bien. C’est elle qu’on entend dans le message vocal classique des téléphones : « La personne que vous appelez ne peut être jointe pour le moment ». Mais au-delà de cette touche familière, Mariam Koné est avant tout une artiste engagée. Depuis 1985, elle évolue entre théâtre, conte, écriture et cinéma, avec une volonté affirmée de transmettre les récits de nos traditions.

Après avoir fait ses armes à la Troupe Ouezzin Coulibaly de Bobo-Dioulasso, puis à Abidjan avec la troupe SOTHECA, elle entame une carrière de conteuse professionnelle en 2002. Elle participe alors au festival Brèves de Mai en France, qui lance véritablement sa reconnaissance internationale. Depuis, elle a conté sur plusieurs continents : Afrique, Amérique (du Nord et du Sud), Europe et Océanie, y compris dans des territoires comme les Antilles et la Nouvelle-Calédonie.

Une œuvre pour la mémoire collective

Mariam Koné ne se contente pas de raconter. Elle écrit aussi pour ancrer la mémoire. Deux recueils de contes sont à son actif : Landolo et le grand caïlcédrat (2006) et La fille qui ne voulait pas se marier (2011). Elle travaille depuis 2017 à un projet de contes sur les sites patrimoniaux du Burkina Faso : 52 contes ont déjà vu le jour et sont diffusés sur la RTB, valorisant ainsi notre riche patrimoine.

Elle est également la fondatrice de la Compagnie Théâtrale Mun-Nana, et dirige le festival Anséko à Tougan, où l’art oral est célébré dans toute sa diversité. À l’écran, elle s’est illustrée dans plusieurs films et séries burkinabè, tout en continuant à monter des spectacles de contes comme Afôh, nominé aux Lompolo 2024.

Une reconnaissance méritée

Son travail a été salué par de nombreuses distinctions, dont le Baobab d’or du Théâtre Africain (2022), un Oscar du Conte aux Burkina Mousso Oscars (2016), ainsi qu’un prix d’honneur reçu en Guadeloupe en 2014. Elle a été nommée Chevalier de l’ordre du Mérite des Arts, des Lettres et de la Communication (agrafe cinématographie – 2011).

Une figure féminine à valoriser

À travers sa carrière, Mariam Koné rappelle combien les femmes ont toujours eu leur place dans la parole et la création. Pourtant, elles restent encore sous-représentées dans les structures culturelles et les médias. Des initiatives comme WikiGap, auxquelles elle est liée, ont permis de documenter plus de 100 profils de femmes africaines, pour rétablir cette visibilité.

Mariam Koné, c’est une voix, une mémoire, une militante de la culture. Une figure qui inspire autant qu’elle transmet. Elle incarne la puissance tranquille de celles qui bâtissent l’avenir en racontant le passé.
Par son art, elle réconcilie tradition et modernité, mémoire et engagement, mots et actes.
Figure emblématique de la scène culturelle burkinabè, elle continue de tracer un chemin d’inspiration pour les femmes, les artistes et les défenseurs de l’oralité à travers le monde.

Parfait Fabrice SAWADOGO

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