Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2009, ce site burkinabè témoigne de la richesse historique et architecturale de l’Afrique de l’Ouest précoloniale.

Dans le Sud-Ouest du Burkina Faso, à environ 7 kilomètres de la ville de Loropéni, se dresse une enceinte silencieuse mais puissante, faite de blocs de latérite rouge. Entourées de mystère, les Ruines de Loropéni fascinent autant qu’elles interrogent. Première inscription du Burkina Faso au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce site est aujourd’hui considéré comme l’un des symboles les plus éloquents du passé florissant de l’Afrique de l’Ouest. Mais derrière ces murs vieux de plusieurs siècles se cache une histoire encore trop peu racontée.
Bâti sur une superficie d’environ 11 130 m², le site présente une forme rectangulaire presque parfaite. Ses murs épais à la base (environ 1,40 m) et s’élevant jusqu’à 6 mètres témoignent d’un savoir-faire architectural remarquable. L’ensemble, abandonné depuis des siècles, conserve malgré tout sa majesté et sa capacité à nourrir l’imaginaire collectif.

Un centre du commerce de l’or
Les recherches historiques et archéologiques récentes indiquent que le site fut au cœur d’un réseau de commerce florissant entre le XIe et le XVIIe siècle. Il aurait notamment servi de poste stratégique dans le contrôle de l’or extrait des mines de la région. Ce métal précieux, échangé contre du sel, des tissus ou des armes, traversait alors les routes transsahariennes jusqu’aux rives de la Méditerranée. Loropéni était ainsi plus qu’un simple habitat : c’était un carrefour économique à l’influence régionale.

Une construction locale méconnue
Longtemps, l’origine des ruines a été attribuée à des civilisations étrangères, dans une vision encore marquée par le déni des capacités bâtisseuses des peuples africains. Aujourd’hui, les chercheurs s’accordent à reconnaître les Lohron (ou Kulango) comme les véritables bâtisseurs. Ce peuple autochtone, installé depuis des siècles dans la région, aurait érigé ces murs pour protéger ses biens, ses populations et affirmer son pouvoir.

Entre sauvegarde et valorisation
Depuis leur classement à l’UNESCO, les Ruines de Loropéni bénéficient d’un intérêt croissant des autorités et des chercheurs. Des projets de réhabilitation, de fouilles archéologiques et de développement touristique sont en cours. Pourtant, le site reste encore peu visité et insuffisamment intégré aux circuits culturels nationaux. Il représente pourtant une opportunité unique de valoriser l’histoire locale et de faire du patrimoine un levier de développement.

Les Ruines de Loropéni ne sont pas qu’un héritage ancien : elles sont une promesse. Celle de faire connaître au monde la richesse du passé burkinabè et de rappeler que, bien avant les frontières actuelles, l’Afrique construisait déjà son histoire en pierre, en or, et en mémoire.
Parfait Fabrice SAWADOGO