Inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2019, les Hauts Fourneaux de Douroula témoignent d’un savoir-faire métallurgique ancestral d’Afrique de l’Ouest. Datés du VIIIe siècle avant notre ère, ils révèlent l’extraordinaire maîtrise technique et culturelle des sociétés anciennes du Burkina Faso.
Dans la région de Douroula, à l’ouest du Burkina Faso, reposent les vestiges d’un patrimoine exceptionnel : les Hauts Fourneaux de Douroula. Ce site, intégré à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, fait partie des cinq lieux emblématiques de la métallurgie ancienne du fer au Burkina Faso. Mais Douroula se distingue par une particularité remarquable : il abrite le plus ancien fourneau connu dans la sous-région, daté du VIIIe siècle avant J.-C. Ce bas-fourneau semi-souterrain, construit en terre latéritique, utilisait un système de réduction directe du minerai de fer avec un tirage naturel. Une technologie impressionnante pour l’époque, démontrant une connaissance avancée du feu, des matériaux et des procédés de transformation.
Un héritage archéologique riche et structuré
Les recherches menées sur le site ont révélé de nombreux éléments : amas de scories, structures de fourneaux, traces d’habitats et de mines, qui montrent que cette activité n’était pas marginale, mais bien au cœur de l’organisation sociale et économique des communautés. Ces vestiges racontent une histoire de transmission de savoirs, de coopération autour de la production du fer, et d’ingéniosité collective.
Mais ce n’est pas uniquement dans les sols que ce savoir se conserve. Dans les villages alentour, des familles perpétuent encore certains gestes forgerons, fruits d’un héritage ancien. La métallurgie, au-delà de sa fonction technique, occupait une place rituelle et symbolique, parfois sacrée, dans les sociétés africaines. Elle était porteuse de statut, de secret, et de pouvoir.
Une reconnaissance internationale pour une mémoire locale
En 2019, l’inscription des sites métallurgiques anciens du Burkina Faso (Tiwêga, Yamané, Kindibo, Békuy et Douroula) sur la liste du patrimoine mondial marque une étape importante dans la valorisation du patrimoine africain. Elle vient couronner plusieurs décennies de recherches scientifiques et de plaidoyer pour la reconnaissance d’un passé technologique africain souvent méconnu ou négligé.
Cette reconnaissance par l’UNESCO n’est pas qu’honorifique : elle permet aussi d’attirer l’attention sur la nécessité de préserver ces sites, de les protéger face à l’érosion, à l’oubli, ou à la modernisation rapide. Elle invite à un travail de sensibilisation auprès des communautés locales, mais aussi à une réappropriation de ce pan de l’histoire par les jeunes générations.
Entre mémoire et avenir
Les Hauts Fourneaux de Douroula ne sont pas de simples vestiges figés dans le passé. Ils sont les témoins vivants d’un génie technique africain, d’une civilisation qui a su maîtriser le feu et le fer il y a plus de deux millénaires. En les protégeant, le Burkina Faso défend une mémoire collective précieuse, et rappelle au monde entier que les racines de l’innovation et du savoir-faire plongent profondément dans le sol africain.
Parfait Fabrice SAWADOGO
