Peuple ancien et fier d’Afrique de l’Ouest, les Gourounsi sont présents principalement au Burkina Faso et au Ghana. Leur territoire s’étend le long de la frontière nord du Ghana jusqu’aux localités de Koudougou, Réo et Léo. Ils forment une mosaïque de sous-groupes ayant su préserver leur identité culturelle, leurs langues et leur autonomie au fil des siècles.

Le mot « Gourounsi », selon l’universitaire Salif Titamba Lankoandé, tirerait son origine du terme Guru-si, qui signifie en langue djerma du Niger « le fer ne pénètre pas ». Cette appellation fait référence à la résistance farouche opposée par les Gourounsi aux envahisseurs venus du Niger, notamment lors des campagnes de Babatu entre 1860 et 1899. Ce chef de guerre djermaphone avait recruté de jeunes hommes qu’il croyait rendus invincibles grâce à des breuvages mystiques. Impressionnées par cette supposée invulnérabilité, les populations les surnommèrent Guru-si, un terme qui s’est mué en Gourounsi avec le temps et les déformations linguistiques.

Une diversité culturelle remarquable
Les Gourounsi ne constituent pas un groupe homogène, mais un ensemble de sous-groupes ethniques répartis dans le centre-sud du Burkina Faso. Parmi eux :
Les Kasséna, connus pour leurs magnifiques peintures murales et leur architecture traditionnelle à Tiébélé, Pô et Léo.

Les Lélé ou Lyélé, majoritaires dans la région de Réo et ses environs.
Les Nuni, installés dans les localités de Léo, Pouni et Zawara.
Les Nounouma, dans la zone de Tchériba.
Les Sissala, présents autour de Léo.
Les Ko, établis dans la région de Siby et Boromo.
Chacun de ces sous-groupes possède sa propre langue ou dialecte, sa culture, ses rites et ses pratiques sociales spécifiques, tout en partageant des traits historiques et sociétaux communs.

Une histoire de résistance
Selon la tradition orale, les Gourounsi viendraient de la région du lac Tchad, mais ils sont établis sur le territoire burkinabè depuis au moins le XIIe siècle. Confrontés aux tentatives de conquête de l’empire mossi dès le XVe siècle, les Gourounsi ont toujours opposé une farouche résistance, refusant toute forme de domination.

Cette résilience est notamment incarnée par le peuple Lyélé, qui formait un royaume puissant autour de Réo, dirigé par un souverain redouté : Taga Otiè BASSOLE. Ce roi mystérieux, que les récits traditionnels décrivent comme insaisissable, commandait une armée de cavaliers disciplinés et aguerris, dissuadant toute tentative d’invasion dans la région du Sanguié.

Une richesse patrimoniale à préserver
Aujourd’hui encore, les Gourounsi fascinent par la richesse de leur patrimoine culturel. Leur architecture, leur art mural, leur artisanat, leurs fêtes traditionnelles et leurs langues locales sont autant de trésors à valoriser. Leur histoire est celle d’un peuple profondément enraciné, qui a su conjuguer résistance, identité et diversité au fil des siècles.

Peuple d’héritage et de courage, les Gourounsi incarnent une mémoire vivante du Burkina Faso. Leur diversité linguistique, leur richesse artistique et leur farouche attachement à la liberté font d’eux un pilier méconnu mais essentiel du patrimoine national. Alors que le monde moderne menace souvent les identités locales, il est plus que jamais nécessaire de préserver et de faire rayonner l’histoire et la culture des Gourounsi, non seulement pour les générations présentes, mais aussi pour celles à venir.
✍️ Parfait Fabrice SAWADOGO
Journaliste Culturel – Infos Culture Du Faso