ven 13 juin 2025

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Le Souma : Un Trésor Culinaire au Cœur du Burkina Faso

Dans les rues animées de Ouagadougou, un plat modeste mais profondément ancré dans les habitudes alimentaires continue de faire l’unanimité : le souma. Préparé à base de pois de terre, ce mets traditionnel burkinabè est bien plus qu’un simple repas. Il est un symbole de partage, de résilience et de culture populaire.

À première vue, le souma semble n’être qu’un plat rustique vendu à la sauvette dans les quartiers populaires. Mais derrière sa simplicité apparente se cache une richesse insoupçonnée. Ce mets tire sa substance des pois de terre, également appelés pois bambara ou voandzou, une légumineuse abondamment cultivée en Afrique de l’Ouest. Riche en protéines, en fibres et en minéraux, ce petit grain rond est une véritable bombe nutritionnelle, très prisée pour son apport énergétique.

Une préparation lente, héritée des aînées

La cuisson du souma est un art de patience. Les pois de terre, méticuleusement lavés, sont d’abord bouillis pendant plusieurs heures. Vient ensuite une étape essentielle : l’incorporation du « piguiri », un mélange traditionnel à base de farine de mil, de potasse et de bicarbonate de soude. Ce mélange, ajouté en fines couches successives, pénètre les grains encore chauds, leur donnant une consistance moelleuse, presque fondante, et un goût légèrement salé.

Ce procédé de cuisson, parfois long de huit heures, est souvent confié aux femmes, dépositaires d’un savoir-faire culinaire transmis de mère en fille. Dans les grandes marmites en ébullition, ce sont des gestes millimétrés et une grande connaissance du feu qui donnent au souma toute sa singularité.

Un plat du peuple, au service du quotidien

Vendu dans les marchés, au bord des routes ou transporté à vélo par des vendeuses ambulantes, le souma est accessible à toutes les bourses. Pour quelques centaines de francs CFA, une portion généreuse suffit à caler un estomac vide. Dans de nombreux foyers, il représente parfois le seul repas consistant de la journée.

Sa haute teneur en protéines végétales en fait une alternative crédible à la viande, particulièrement dans un contexte où l’accès aux produits carnés demeure un luxe pour beaucoup. Nourrissant, dense et durablement rassasiant, le souma incarne la solidarité alimentaire dans un pays où la débrouille fait partie intégrante de la vie quotidienne.

Identité et mémoire collective

Mais le souma ne nourrit pas seulement le corps. Il rassemble, raconte, résiste. Il est de ces plats qui parlent d’histoire, de traditions et de liens familiaux. À la fois humble et essentiel, il fait partie des marqueurs identitaires forts du Burkina Faso, au même titre que le tô, le babenda ou encore la bouillie de mil.

Dans un monde où les cultures culinaires tendent à s’uniformiser, le souma rappelle l’importance de préserver les savoirs populaires. Il n’est pas rare de voir les jeunes générations redécouvrir ce plat, portées par un retour aux racines et un engouement pour la cuisine locale.

Un Patrimoine Culinaire à Valoriser

En somme, le souma est plus qu’un repas de rue : c’est une tradition vivante, un reflet fidèle de l’ingéniosité burkinabè face aux défis quotidiens. À l’heure des fast-foods et de la mondialisation des goûts, il continue de s’imposer, avec fierté, comme un plat du terroir, profondément lié aux réalités sociales et culturelles du pays.

Dans un bol de souma, il y a bien plus que des pois de terre cuits : il y a de la mémoire, du lien, et une manière bien burkinabè de résister avec dignité.

Crédit Photos : Mam Sank

Parfait Fabrice SAWADOGO

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