jeu 17 juillet 2025

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Le Pougpousôm, socle du mariage traditionnel chez les mossis

Au Burkina Faso, malgré l’évolution des mentalités et l’influence croissante des formes modernes d’union, le mariage traditionnel, appelé Pougpousôm en langue mooré, demeure un pilier essentiel des pratiques culturelles. Désigné familièrement par l’acronyme PPS chez les jeunes Burkinabè, ce rituel ancestral transcende le simple engagement entre deux individus pour s’ancrer dans une vision collective du mariage : celle de l’union entre deux familles.

Contrairement au mariage civil ou religieux, le Pougpousôm est régi par un système symbolique et communautaire strict. Ce ne sont pas les futurs mariés qui mènent les discussions, mais plutôt les sages et représentants des deux familles. Ils négocient, formulent des demandes, fixent les conditions, dans une logique d’équilibre et de respect mutuel. La parole est donnée aux anciens, dépositaires de la tradition.

Une cérémonie codifiée, dirigée par les anciens

Chez les mossis comme dans d’autres communautés burkinabè, le mariage traditionnel repose sur un principe fondamental : le mariage n’est pas une affaire individuelle, mais une alliance entre deux familles. Ainsi, chaque décision prise engage l’ensemble des membres des deux familles.

Des symboles riches de sens

Le PPS ne serait rien sans ses objets symboliques. La demande en mariage se manifeste par la remise de noix de cola, de pièces d’argent ou de billets de banque, éléments porteurs de messages de paix, d’estime et de bonne volonté. Ces gestes matérialisent l’engagement du prétendant et la reconnaissance du lien qui est sur le point d’être établi.

La dot, ou « prix de la fiancée », est un autre aspect important de la cérémonie. Elle n’a pas de valeur fixe et varie selon les régions, les cultures, et les moyens. Plus que sa valeur marchande, c’est sa portée symbolique qui prime : elle représente une marque de respect envers la famille de la jeune fille et l’acceptation de responsabilités.

Un cadre de dialogue et de cohésion

Le Pougpousôm est aussi une plateforme de dialogue intergénérationnel. Les échanges ne sont pas de simples formalités, mais de véritables négociations sociales où les deux familles cherchent à s’entendre sur un futur commun. Les désaccords sont permis, mais toujours dans un esprit de respect et de consensus.

Ce processus crée une solidarité élargie, car une fois l’union scellée, le couple ne porte plus seul les joies ou les difficultés de la vie conjugale. La communauté familiale devient garante du lien et de son équilibre.

Une fête de la famille et du vivre-ensemble

Le jour du PPS, la famille hôte, celle de la future épouse, ouvre ses portes pour accueillir la délégation du prétendant. Ce dernier est généralement accompagné de ses proches, amis, voisins et parfois même de musiciens. La distance n’est pas un obstacle. Qu’elle soit courte ou longue, la démarche est la même : il s’agit d’un moment festif, de partage, de réjouissance et de communion.

Musique, danse, repas communautaires… le Pougpousôm est aussi un acte social qui renforce les liens, remet en lumière l’appartenance à une communauté et valorise l’identité culturelle.

Entre tradition et modernité, une pratique toujours vivante

Aujourd’hui encore, même chez les jeunes urbains et diasporiques, le PPS reste un passage presque incontournable, précédant souvent le mariage civil ou religieux. Il peut être simplifié, adapté ou combiné avec des éléments modernes, mais son essence reste intacte.

En somme, le Pougpousôm est plus qu’un simple mariage : c’est une école de la vie, une transmission de valeurs, et une célébration de l’identité burkinabè. Dans un monde en mutation, il nous rappelle que certaines traditions, loin d’être des freins, sont des socles de cohésion, de respect et de dignité.

Le Pougpousôm n’est pas qu’un simple rituel de mariage : c’est un miroir de la société mossi et, plus largement, burkinabè. Il incarne le respect des anciens, la force du lien communautaire, la richesse des symboles et la continuité d’un héritage culturel transmis de génération en génération. À l’heure où les sociétés africaines sont en pleine transformation, cette pratique rappelle que la modernité peut coexister avec la tradition, dans une dynamique d’équilibre, de mémoire et de dignité partagée.

✍️ Parfait Fabrice SAWADOGO
Journaliste Culturel – Infos Culture du Faso

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