Véritable symbole de mémoire vivante et de transmission, le Musée National du Burkina Faso (MNBF) demeure un haut lieu de préservation de l’identité burkinabè. Enraciné dans l’histoire, porté par des générations de conservateurs engagés, il continue de jouer un rôle crucial dans la valorisation des témoins matériels et immatériels à l’heure des mutations globales.

Situé à l’entrée sud de Ouagadougou, sur un terrain de 29 hectares, le Musée National du Burkina Faso se dresse, discret mais essentiel. Créé par la loi n° 42/62/AN du 13 novembre 1962, il a longtemps fonctionné sans siège propre jusqu’à l’inauguration de ses bâtiments actuels en 2004. Depuis plus de six décennies, ce temple de la culture burkinabè acquiert, conserve et diffuse les témoins matériels et immatériels de l’histoire nationale.
Érigé depuis 2002 en Établissement Public de l’État à caractère Scientifique, Culturel et Technique (EPSCT), il bénéficie d’une autonomie de gestion tout en étant placé sous la tutelle du ministère en charge de la Culture. Ce statut reflète son importance dans le dispositif national de préservation de la mémoire.

Un musée enraciné dans les cultures locales
Son architecture singulière s’inspire des cases traditionnelles, avec des pavillons dédiés aux principales aires culturelles du pays. À l’intérieur, plus de 14 000 objets – dont 12 271 déjà inventoriés – racontent la richesse des peuples du Burkina Faso : masques Bobo, bijoux moaga, statues lobi et sénoufo, instruments de musique, objets rituels, armes, poteries, outils agricoles, etc. s’y côtoient dans un ordre soigneusement documenté.
Parmi ses expositions figure « Les Habitats du Faso », un espace unique inauguré en 2022, qui présente des reproductions fidèles des habitats traditionnels de onze groupes ethnoculturels, avec des matériaux, des formes et des fonctions directement inspirés de l’habitat rural.

Lieu de transmission et d’ouverture
Plus qu’un espace de conservation, le MNBF se veut également un lieu de formation, de recherche et de transmission des savoirs. Il accueille des étudiants en muséologie, des chercheurs, et organise des visites scolaires, des ateliers et des conférences.
Il joue également un rôle citoyen en proposant des expositions itinérantes dans les zones rurales, sur des thématiques sociales telles que la lutte contre l’excision ou la valorisation des langues nationales.

Un rayonnement à l’international
Le Musée National participe à de nombreux programmes régionaux et internationaux de coopération, en lien avec l’UNESCO, l’ICOM et d’autres institutions muséales. Il est aujourd’hui au cœur des discussions sur la restitution des biens culturels africains et s’engage activement pour la valorisation du patrimoine africain à travers des partenariats Sud-Sud.
En février 2020, la cinéaste Apolline Traoré a été nommée ambassadrice du MNBF, renforçant la visibilité de l’institution sur les scènes culturelles nationale et internationale.

Des figures engagées à sa tête
Depuis 1962, plusieurs personnalités ont dirigé le MNBF avec conviction :
1962 – 1969 : Feu Toumani Triandé
1973 – 1975 : M. Junzo Kawada
1983 – 1987 : M. Sanhour A. Medah
1988 – 1989 : Feu Benjamin Raya Sawadogo
1989 – 1994 : M. Boureima Diamitani
1994 – 1996 : M. Jean Claude Dioma
1997 – 1999 : Dr Oumarou Nao
2003 – 2004 : M. Balamine Ouattara
2004 – 2014 : Mme Alimata Sawadogo/Tanly
2014 – 2017 : M. Jean Paul Koudougou
2017 – 2018 : M. Alassane Waongo
2018 – 2024 : Mme Rasmata Maïga/Sawadogo

Depuis février 2024, M. Sabari Christian Dao, conservateur-restaurateur, est l’actuel directeur général. Il est également président du Comité burkinabè du Conseil international des musées (ICOM Burkina Faso).
Sous leur impulsion, le MNBF a gagné en rayonnement tout en gardant un fort ancrage communautaire.

Un musée toujours en construction… humaine
Loin d’être figé, le Musée National du Burkina Faso est un lieu vivant, qui évolue avec son époque. Il démontre que le patrimoine ne se limite pas aux monuments ou objets anciens, mais qu’il est aussi fait de récits, de langues, de gestes, de savoir-faire. Un héritage commun à protéger, à transmettre, mais aussi à interroger.
Alors que le pays, dans un contexte de redéfinition de sa souveraineté, redonne une place centrale à la culture, le MNBF s’affirme comme un espace stratégique pour une réappropriation collective des repères culturels et un avenir ancré dans l’histoire.
Parfait Fabrice SAWADOGO