Aliment du quotidien pour certains, mets d’exception pour d’autres, le koumvando sauté s’impose comme l’un des plats les plus représentatifs de la richesse culinaire burkinabè. Derrière ce nom à la sonorité chantante se cache un légume-feuille ancestral, au goût puissant et à la valeur nutritive précieuse. Très prisé dans les foyers et les maquis, il témoigne d’un héritage transmis de génération en génération.

Le koumvando, du nom mooré désignant les feuilles d’aubergine sauvage, pousse à l’état naturel dans de nombreuses régions du Burkina Faso. Rustique, résistant à la sécheresse, ce légume-feuille est apprécié pour son goût légèrement amer et sa texture particulière. Il est souvent sauté dans de l’huile avec des oignons, tomates, piment, ail ou encore du soumbala pour relever le goût.

Une tradition culinaire bien ancrée
Dans de nombreux foyers burkinabè, le koumvando est un plat incontournable, souvent préparé avec soin après la cueillette ou l’achat sur les marchés. Les feuilles sont triées, lavées, puis sautées dans une poêle ou une marmite, parfois précédées d’un blanchiment rapide pour atténuer leur amertume.
Le plat est généralement servi avec du to (pâte de mil ou de maïs), du riz ou du couscous. Pour de nombreuses familles, il représente un repas simple, nutritif et profondément enraciné dans la culture locale. Le koumvando sauté n’est pas qu’un aliment, c’est un geste du quotidien, un goût de l’enfance, un lien social et familial.

Une activité économique porteuse
Derrière ce mets populaire se cache également un pan important de l’économie informelle. À Ouagadougou comme à Bobo-Dioulasso, de nombreuses femmes tirent leur revenu de la cueillette et de la vente de koumvando. Dans des marchés comme celui de Dassasgho, de Pissy ou de Lafiabougou, on peut observer des étals entiers dédiés à ces feuilles vertes vendues par petits tas.

Certaines femmes, en ont fait leur métier. Chaque jour, elles vont chercher ces feuilles dans la brousse, parfois à des kilomètres, avant de les acheminer vers les centres urbains. Ce commerce, bien que souvent précaire, contribue à faire vivre des familles entières.
Des bienfaits nutritionnels reconnus
Riche en fibres, en fer, en vitamines A et C, le koumvando est un allié pour la santé. Il est recommandé dans les régimes locaux comme aliment fortifiant. Il favorise la digestion, contribue à la prévention des carences et renforce le système immunitaire.
Les nutritionnistes locaux encouragent sa consommation régulière, notamment sous forme sautée avec de l’huile d’arachide ou de coton, pour un équilibre entre goût et valeur nutritive.

Préserver une identité culinaire
Avec l’évolution des modes de vie et l’influence des produits industrialisés, certains plats traditionnels tendent à être délaissés. Pourtant, le koumvando sauté résiste, fort de son goût unique et de son accessibilité. Des chefs le revisitent aujourd’hui dans une cuisine plus moderne, tandis que des projets agricoles tentent de le cultiver en milieu urbain pour sécuriser son approvisionnement.
Plus qu’un simple plat, le koumvando sauté incarne l’identité burkinabè : authenticité, résilience, partage. En le valorisant, c’est toute une mémoire culinaire et sociale que l’on préserve.
Crédit photos : Mam Sank
Parfait Fabrice SAWADOGO