De ses débuts sur les scènes de slam à ses rôles marquants à l’écran, Kibsa Anthony Ouédraogo que le public connaît sous le nom de Tony incarne la relève d’un cinéma burkinabè en quête d’authenticité et d’impact. Entre passion, engagement et exigence artistique, il construit un parcours qui force l’attention et suscite l’espoir.

Une voix, un style, un regard
Il est aujourd’hui l’un des visages les plus remarqués du cinéma burkinabè. Charismatique, engagé et profondément enraciné dans la scène artistique locale, Tony a su se faire une place dans l’univers cinématographique grâce à son jeu d’acteur intense et sa vision claire du métier. Lors de l’émission Ciné Côté Jardin, il s’est livré avec sincérité sur son parcours, ses aspirations et les défis du métier.

Formé à l’art du mot, Tony a commencé sa carrière dans le slam, au sein du collectif « Qu’on Sonne & Voix-ailes », avec lequel il a sorti deux albums : Siraba et Black Vanila. Cette première expérience lui a permis d’aiguiser sa voix artistique et de comprendre le pouvoir du verbe, un bagage qu’il porte aujourd’hui jusque dans ses rôles au cinéma, mais aussi dans l’écriture.

Du slam aux planches, puis aux écrans
La transition s’est faite naturellement vers le théâtre, où il a signé plusieurs textes forts, dont Calypso et Zindi (écrit en mooré), affirmant ainsi sa carrière d’auteur dramatique. En tant que comédien, il a incarné des figures marquantes telles que Thomas Sankara et Wangrin dans les pièces Repères et Héritage. Il a aussi brillé dans Jukeboxe Ouagadougou, une création innovante portée par l’Encyclopédie de la Parole, mêlant textes contemporains et mise en voix.

À l’écran, Tony impressionne par la précision de son interprétation. Il incarne ses personnages avec intensité et justesse, sans surjeu, laissant transparaître les failles, les doutes et les combats intérieurs. On le retrouve dans des séries et films tels que Waga Love et Tu me prends pour qui ?, où il impose un jeu sobre, habité, et profondément humain.

Un artiste qui traverse les frontières
Son talent ne s’arrête pas aux scènes burkinabè. Tony vient de conclure une tournée européenne où il a joué dans la pièce Les Jardins de la Résistance en Allemagne, en Belgique et en France. Ce rayonnement international témoigne de la solidité de son parcours et de la pertinence de son engagement artistique.

Un regard lucide et engagé
Dans ses interventions publiques, Tony partage une vision lucide du cinéma burkinabè et africain. Il milite pour des récits authentiques, ancrés dans les réalités locales, et pour une industrie structurée, capable de soutenir les talents émergents. Il insiste aussi sur l’importance de la formation continue pour les acteurs, techniciens et réalisateurs, estimant que seule l’exigence permettra au cinéma africain d’atteindre une reconnaissance mondiale durable.

Vers la réalisation : l’aventure continue
Artiste pluridisciplinaire, Tony s’illustre désormais derrière la caméra. Il a réalisé Yaafa, un court-métrage, et lancé une websérie intitulée Bonheurville, où il explore de nouvelles formes narratives et sociales. Une manière pour lui de continuer à raconter, à sa manière, les histoires d’un continent en mouvement.

Avec Tony, le cinéma burkinabè gagne non seulement un talent prometteur, mais aussi une conscience artistique affirmée. Sa trajectoire inspire et rappelle que l’avenir du 7ᵉ art africain appartient à ceux qui osent raconter, avec sincérité et exigence, les réalités de chez eux.
Parfait Fabrice SAWADOGO