Actrice et comédienne, Eléonore Kocty occupe aujourd’hui une place de choix parmi la jeune génération artistique burkinabè. Née à Ouagadougou, elle incarne la passion à l’état brut. Avec une formation rigoureuse et un parcours jalonné d’expériences sur les planches comme à l’écran, elle s’impose désormais comme l’une des voix les plus prometteuses du paysage culturel ouest-africain.
Les cinéphiles la reconnaissent dans Bienvenue à kikidéni comme Koumba la nièce du chef, Il pleut sur Ouaga de Fabien Dao ou La Forêt du Niolo d’Adama Rouamba qui lui a valu en 2020 le Sotigui de la meilleure interprétation féminine. Derrière cette présence lumineuse, se cache un chemin d’effort, de conviction et d’amour profond pour l’art vivant.
Des bancs de l’université aux projecteurs : la naissance d’un talent
Bercée dès l’enfance par les sitcoms burkinabè telles que Vis-à-vis d’Abdoulaye Dao, Eléonore développe très tôt une passion pour le jeu. Dès la classe de quatrième, elle exprime le désir de participer à des castings. Mais dans une famille où l’éducation reste une priorité, cette ambition attendra. Après un bac série A4, elle suit d’abord une licence en études anglophones avant de s’orienter vers sa passion : l’art dramatique.
À l’Université Joseph Ki-Zerbo, elle décroche une licence en arts dramatiques, puis un master en arts, gestion et administration culturelles. Ses compétences théoriques et pratiques font d’elle une artiste complète, capable de réfléchir à la création au-delà de la scène.
Le théâtre : racines profondes et envols scéniques
C’est sur la scène théâtre que tout commence. En 2010, elle intègre la troupe universitaire, puis participe aux Récréâtrales, l’un des plus grands festivals de théâtre burkinabè. Elle enchaîne les rôles, dont Sarzan Sou IV (2012) sous la direction de Djamal M. Mahamat et Pinocchio (2016) avec le metteur en scène italien Gigi Tapela.
Dès 2014, elle rejoint la compagnie Le Ruminant dirigée par Noël Minougou, qu’elle codirige ensuite de 2018 à 2023. Cette expérience renforce sa maîtrise du jeu et affirme son identité artistique. Elle a reçu en 2022 le Grand prix de l’ Académie du Théâtre pour le Développement, entrant dans le cercle des Baobabs du Théâtre Africain.
Le cinéma : une intensité qui traverse l’écran
C’est en 2011 qu’elle fait ses débuts à la télévision dans Waga Love de Guy Désiré Yameogo. Depuis, sa filmographie ne cesse de s’étoffer. Elle sait donné vie à des personnages féminins à la fois puissants et vulnérables, ou encore comiques. Elle impressionne la série No Bla Bla de François Bergeron ou encore dans la création originale Canal Plus, De plus en plus loin au point remporter le Terranga de la meilleure interprétation féminine à Dakar en 2023. Au FESPACO 2025, elle recevra avec bon nombres de ses pairs, un trophée de reconnaissance des Celebrities Days.
Ses rôles dans les courts métrages Juste Instruite (2024), Elisa (2022), Double-je (2022) ou encore Ilétou (2021) témoignent de son aisance à explorer différents registres, avec une intensité toujours renouvelée.
Une artiste engagée, entre transmission et création
Toujours en quête de perfectionnement, Eléonore a participé à de nombreux ateliers aux côtés de grandes figures du théâtre et du cinéma comme Ildevert Meda, Robert Kechichian, Emil Abossolo Mbo ou Simon Masnay. Elle cultive une vision d’un théâtre populaire, curatif et accessible à tous. Elle se rend disponible pour transmettre ses connaissances aux plus jeunes.
Une voix qui porte pour l’avenir des arts africains
Avec plus d’une décennie d’engagement artistique, Eléonore Kocty est une figure montante de la scène culturelle africaine. Son parcours entre théâtre, cinéma et engagement culturel inspire une génération d’artistes. Sincère, rigoureuse, ancrée dans son époque, elle compose une œuvre exigeante et généreuse.
Dans un Burkina Faso en pleine effervescence artistique, Eléonore Kocty incarne une nouvelle manière de faire de l’art : enracinée, consciente, engagée. Une étoile à suivre, sans aucun doute.
Parfait Fabrice SAWADOGO
