mer 25 juin 2025

Suivez-nous sur les réseaux sociaux

spot_img

De la ferraille au chef-d’œuvre : le parcours singulier de Sahab Koanda

Né en 1971 à Bissighin, quartier périphérique de Ouagadougou, Sahab Koanda s’impose comme un artiste plasticien burkinabè unique en son genre. Surnommé « le roi des poubelles », il puise dans les déchets et matériaux récupérés des décharges de la capitale pour créer des œuvres d’art d’une originalité saisissante, mêlant sculpture, assemblage et conte.

C’est en l’an 2000 que Sahab Koanda débute ses travaux de récupération, transformant ce que beaucoup considèrent comme des rebuts en véritables trésors artistiques. Son œuvre reflète une profonde réflexion sur le monde, l’Afrique, la vie et l’environnement. Avec ses sculptures composées de ferrailles, ressorts, moteurs et autres objets abandonnés, il incarne un art à la fois esthétique et engagé, dénonçant la pollution tout en valorisant le recyclage.

Un parcours d’expositions et de résidences à travers le monde

Depuis sa première exposition en mars 2002 au festival Fet’Art d’Ouagadougou, Sahab Koanda n’a cessé de montrer son travail au Burkina Faso et à l’international. On compte notamment des expositions à la mairie de Sig-Nonghin (2002), au festival panafricain de cinéma FESPACO (2003, 2015, 2019, 2023), au Centre Culturel Français de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso (2004, 2016, 2022), ainsi qu’en France à Troyes, Evres en Argonne, Bidon, Belfort et Château Thierry.

Il a également été résident d’artistes dans plusieurs festivals et centres culturels, notamment à Anes Art’ Gonne en France (2005, 2006), au Festival Africa Bidon (2007, 2010), et plus récemment au Carnaval AOUSSOU en Tunisie (2023) et au Festival Africa Fismes (2023).

En 2017, Sahab Koanda participe au Festival Afrique Cologne en Allemagne, où il expose également son œuvre et contribue à la création du BAOBAB Sacré du BBDA.

En 2018, Sahab Koanda rejoint les Récréâtrales à Ouagadougou, un rendez-vous majeur du théâtre africain. Depuis 2018 jusqu’à maintenant, il participe toujours aux Récréâtrales avec ses œuvres, apportant à chaque édition une présence artistique singulière et marquante.

L’une de ses œuvres les plus emblématiques, « L’Espoir », est une sculpture en fer installée au milieu de la rue des Récréâtrales. Trônant depuis 2018, elle s’impose comme un symbole fort de son art : un mélange d’ancrage urbain, de mémoire culturelle et de réappropriation artistique de l’espace public. C’est bien Sahab Koanda qui en est l’auteur, confirmant ainsi sa place dans le paysage culturel burkinabè.

Un plasticien-musicien : l’aventure Kokondo Zaz

Sahab Koanda ne s’arrête pas à la sculpture. Artiste pluridisciplinaire, il est également musicien et performeur. En 1991, il développe une approche musicale originale basée sur la percussion d’objets récupérés, qu’il baptise Konkondo jazz. Ce style expérimental mûrira au fil des ans jusqu’à aboutir à la formation du groupe Kokondo Zaz en 2011.

Avec Kokondo Zaz, il réinvente des morceaux traditionnels burkinabè à travers des instruments insolites : barriques, chaînes de moto, casseroles, marmites et autres ferrailles deviennent des percussions vivantes. En 2012, le groupe se fait remarquer au festival Rendez-vous chez nous à Ouagadougou, avant d’être invité à des tournées internationales, notamment au festival Les Invité·es de Villeurbanne en France. L’univers sonore et brut de Sahab Koanda fascine par son mélange d’esthétique, d’ingéniosité et de critique sociale.

Pour voir une performance en direct de Kokondo Zaz, suivez ce lien YouTube : 👇👇👇

Engagement et transmission : un artiste proche des jeunes et des milieux éducatifs

Au-delà de son travail de création, Sahab Koanda est reconnu pour son engagement auprès des jeunes. Il anime régulièrement des ateliers dans des écoles et centres culturels au Burkina Faso, notamment à la Maison des Jeunes de Larlé à Ouagadougou, au Saint Exupéry, et même dans des écoles américaines. Son approche pédagogique met l’accent sur la valorisation des déchets comme ressources artistiques et environnementales.

Son action dépasse les frontières : il est sollicité en Europe pour des résidences, des échanges culturels, des ateliers et des formations. En 2013, il a animé un atelier de formation à Banfora en partenariat avec l’espace GAMBIDIT, centré sur les thèmes de l’eau et de l’assainissement.

Un artiste honoré et reconnu

En novembre 2024, Sahab Koanda a été décoré chevalier de l’ordre de mérite par le Président du Faso, une reconnaissance officielle pour son apport à la culture burkinabè et à la valorisation de l’art recyclé.

Aujourd’hui, Sahab Koanda demeure une figure majeure de la scène artistique burkinabè, mêlant avec talent créativité, conscience sociale et engagement écologique. Son parcours exemplaire illustre comment l’art peut être un levier puissant pour sensibiliser, rassembler et transformer la société.

✍️ Parfait Fabrice SAWADOGO

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Publicité

spot_img

Publicité

spot_img

Publicité

spot_img

Plus d'articles

DJELI KARIM DJELIFARMANBA dévoile “DÉTESTER” : une vidéo poignante à découvrir

L’artiste burkinabè DJELI KARIM DJELIFARMANBA fait son retour avec...

Les Ruines de Loropéni : mémoire de pierre et fierté nationale

Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2009, ce...

Tô de petit mil et sauce gombo sec : l’âme de la cuisine burkinabè

Dans la mosaïque culinaire du Burkina Faso, le tô...

Parc National d’Arly : une réserve naturelle burkinabè à la renommée mondiale

Situé dans l’est du Burkina Faso, le Parc National...

Vous ne pouvez pas copier le contenu de cette page