Né dans un contexte de crise alimentaire, le Babenda, longtemps considéré comme un plat de survie, s’impose aujourd’hui comme un emblème de la gastronomie burkinabè. Ce ragoût à base de feuilles vertes, de riz et de soumbala séduit par son authenticité, ses bienfaits nutritionnels et sa symbolique forte.

Le Babenda a vu le jour dans les années 1930-1940, durant une grave sécheresse qui a plongé de nombreuses régions rurales dans la famine. À cette époque, les populations utilisaient principalement des feuilles comestibles, un peu de céréales et de l’eau pour se nourrir. Ce plat, simple et nourrissant, était alors un moyen de survie.
Sa recette traditionnelle repose sur la cuisson lente des feuilles, notamment l’oseille et le bonronbourou, mélangées au riz, au soumbala un condiment fermenté à base de néré à la poudre d’arachide et au poisson séché. Cette préparation donne un plat onctueux et savoureux, souvent accompagné de tô, l’aliment de base burkinabè.

Au fil du temps, le Babenda a gagné en reconnaissance et a franchi les frontières. Il a été couronné « meilleur plat traditionnel du monde » lors d’une compétition internationale, porté par une cheffe burkinabè. Ce succès souligne la richesse et la diversité de la cuisine africaine, souvent méconnue à l’échelle mondiale.
Au-delà du goût, le Babenda est un concentré de nutriments essentiels. Il est riche en vitamines A, C et K, en calcium, potassium et fibres. Le soumbala et le poisson séché apportent des protéines de qualité, tandis que le riz fournit les glucides nécessaires à une alimentation équilibrée. Ce plat est donc adapté aux besoins nutritionnels variés, tout en restant accessible.

Malgré ses qualités, le Babenda n’a pas toujours joui d’une bonne réputation. Son aspect parfois peu avenant lui a valu le surnom peu flatteur de « caleçon du chien ». Cette marginalisation reflète souvent la perception négative des aliments simples ou issus de milieux ruraux. Cependant, cette image a évolué grâce à un mouvement de valorisation des produits locaux et à une prise de conscience de la souveraineté alimentaire.
Aujourd’hui, le Babenda connaît une véritable renaissance. Il est revisité par une nouvelle génération de chefs urbains qui allient modernité et respect des traditions. On le retrouve désormais dans les restaurants, sur les menus de fêtes et même exporté à l’international. Cette modernisation permet de faire rayonner ce patrimoine culinaire tout en le rendant accessible aux modes de vie contemporains.

Le Babenda raconte une histoire de résilience, d’ingéniosité et de transmission. Ce plat, né dans l’urgence et la pénurie, est devenu un symbole fort de la culture burkinabè, porté par la fierté d’une identité retrouvée. Chaque bouchée rappelle la mémoire collective d’un peuple et son attachement à ses racines.
En somme, le Babenda est bien plus qu’un simple plat : c’est un trésor culinaire qui allie saveur, nutrition et histoire. Une véritable invitation à découvrir la richesse du Burkina Faso, un pays où tradition et modernité se rencontrent dans l’assiette.
Crédit photos : Mam Sank
Parfait Fabrice SAWADOGO