Né en 1979 à Ouagadougou, Auguste Ouédraogo est aujourd’hui une figure majeure de la danse contemporaine en Afrique. Danseur, chorégraphe et pédagogue, il s’est imposé depuis plus de vingt ans comme un acteur incontournable de la scène artistique burkinabè et internationale. Co-directeur artistique de la Compagnie Auguste-Bienvenue, fondée en 2000 avec son binôme Bienvenue Bazié, il a su renouveler le langage chorégraphique en intégrant dans ses œuvres les héritages culturels africains tout en explorant les grandes thématiques humaines et sociales.

Fort d’un parcours artistique riche et varié, il a su mêler création, transmission et engagement social avec une vision sensible et audacieuse, faisant du corps un véritable vecteur de poésie et de réflexion.

Une formation pluridisciplinaire entre Ouagadougou et l’Europe
Depuis ses débuts en 1993 dans la troupe Le Bourgeon du Burkina, Auguste Ouédraogo bénéficie d’une formation complète en danse, théâtre, conte et musique. Sous la houlette de mentors tels que Théodore Kafando, Salia Sanou ou encore Amadou Kienou, il forge une solide base artistique.
Entre 1996 et 2001, il affine sa pratique au Centre Culturel Français Georges Méliès de Ouagadougou avec des chorégraphes de renom comme Jean-François Duroure, Nana Nilson et Seydou Boro. Il poursuit sa formation à l’international, notamment aux Ateliers du Monde du Festival Montpellier Danse (2001-2002), au festival Dialogues de Corps à Ouagadougou, et collabore en 2003 avec Claude Brumachon et Benjamin Lamarche au Centre Chorégraphique de Nantes.

Une danse organique au service des grandes questions humaines
En 2000, il fonde la Compagnie Tä, qui devient en 2007 la Compagnie Auguste-Bienvenue, co-dirigée avec Bienvenue Bazié. Ensemble, ils développent un style appelé « danse organique », mêlant danse, théâtre, musique et arts visuels, pour interroger la société à travers le mouvement du corps.
La compagnie signe des pièces phares comme Traces, Tourments Noirs, PerformerS, Crépuscule, Accords Ouverts, ou encore Mesure(s) en 2025, qui témoignent de leur engagement esthétique et politique.

Collaborations et rayonnement international
En parallèle de ses créations, Auguste Ouédraogo multiplie les collaborations de haut niveau. Il participe notamment à Kôyan Kôté (2000) avec Salia Sanou et Seydou Boro, Transpace (2002) avec Robert Seyfried, Sèg Sègbo (2004) avec Hind Benali, Toupie or not toupie (2006) du CNDC Châteauvallon, Leena, l’Opéra Urbain (2011) avec Boris Bouhacar Diop, Biface (2012) avec Perrine Fifadji, ou encore Pourquoi la hyène… (2013) de Seydou Boro.

Création, production et structuration du secteur culturel
Au-delà de la scène, Auguste est aussi un bâtisseur. Il cofonde l’association Art Dev à Ouagadougou, puis l’association Wa Tid Saou à Bordeaux en 2009. À travers ces structures, il s’investit dans la gestion administrative, la production, la diffusion et l’accompagnement d’artistes.
Il coordonne également des festivals comme Corps Engagés, lancé en 2023 avec l’Institut des Afriques et Café Blanc, qui valorise les trajectoires de femmes artistes entre l’Afrique et la Nouvelle-Aquitaine.
Doté d’une expertise poussée sur les statuts d’artistes, la demande de licence d’entrepreneur de spectacle, la comptabilité et la gestion sociale, il évolue aisément entre les scènes culturelles françaises et burkinabè.

Un engagement fort pour la transmission et la professionnalisation
Titulaire du Diplôme d’État de professeur de danse obtenu au PESMD de Bordeaux, Auguste Ouédraogo est un formateur reconnu. Il intervient dans plusieurs programmes professionnels comme Engagement Féminin, Fari Foni Waati, Don Sen Folo, et accompagne des artistes à travers Visa pour la création ou PLACE.
Il a formé plus de 100 stagiaires avec Engagement Féminin, qu’il a co-initié en 2008. Ce programme novateur dédié aux femmes artistes propose une formation intensive, des résidences et des tournées, contribuant à la professionnalisation des danseuses sur le continent.

Un artiste complet, entre enracinement et ouverture
Créateur, interprète, formateur et médiateur culturel, Auguste Ouédraogo incarne une danse en perpétuel dialogue entre tradition et modernité, entre Afrique et Europe. Il parle couramment le mooré, possède des notions d’anglais et d’espagnol.
Entre Ouagadougou et Bordeaux, il incarne une pensée chorégraphique ancrée dans la réalité et tournée vers l’avenir. Son engagement, à la fois poétique et politique, en fait une voix majeure de la danse contemporaine africaine, capable d’inspirer une nouvelle génération d’artistes.
À travers son parcours et ses créations, Auguste Ouédraogo rappelle que la danse est un langage universel capable de transformer les corps, les esprits et les sociétés.

À travers son parcours exceptionnel, Auguste Ouédraogo incarne bien plus qu’un chorégraphe ou un danseur : il est le symbole d’une Afrique en mouvement, audacieuse, créative et résolument tournée vers l’avenir. Par son engagement sur scène, en salle de formation, dans la production culturelle ou la structuration du secteur, il bâtit patiemment les fondations d’une danse contemporaine africaine libre, exigeante et porteuse de sens.
À l’heure où les scènes du monde s’ouvrent davantage aux voix du Sud, Auguste Ouédraogo prouve qu’il est possible de conjuguer enracinement culturel et rayonnement international. Son œuvre, nourrie par l’expérience du corps, la rigueur du geste et la profondeur des idées, continue d’inspirer des générations d’artistes qui voient en lui un modèle de professionnalisme, de persévérance et d’humanisme.
✍️ Parfait Fabrice SAWADOGO
Journaliste Culturel – Infos Culture du Faso