Il y a des hommes qui ne créent pas seulement des œuvres, mais des dynamiques. Aboubacar Sanga fait partie de ceux-là. Acteur engagé de la scène culturelle burkinabè, il est le fondateur du collectif Wékré, une initiative essentielle dans le paysage artistique de Ouagadougou, et l’un des grands acteurs du développement des arts plastiques contemporains en Afrique. À travers ses initiatives, il œuvre avec passion à démocratiser l’art contemporain et à offrir une plateforme d’expression à la créativité africaine.
L’art dans la rue, l’art pour tous
En 2020, Aboubacar Sanga initie le Marché d’Art Contemporain de Ouagadougou, connu sous le nom de Wékré, une véritable bouffée d’art dans les espaces publics de la capitale burkinabè. Le concept est simple mais révolutionnaire : sortir l’art des galeries fermées et le mettre au contact du public dans des lieux accessibles, comme le parc urbain Bangr-Wéogo. Wékré, qui signifie « éclosion » en mooré, se veut une vitrine vivante de l’expression plastique africaine.
Depuis sa création, l’événement a permis à des centaines d’artistes venus du Burkina Faso et d’autres pays africains (Togo, Niger, Bénin, Nigeria, Côte d’Ivoire…) d’exposer leurs œuvres dans des conditions valorisantes, créant ainsi une dynamique unique entre le public et les créateurs.
Wékré 2024 : Une édition de confirmation
La cinquième édition de Wékré, tenue du 18 au 24 novembre 2024, a été un véritable moment de consécration pour le projet. Placée sous le thème « I Have a Dream », elle a réuni près de 50 artistes plasticiens issus de différents pays africains. L’édition a été marquée par une exposition de 93 œuvres mêlant peinture, sculpture, photographie et installations diverses.
Au-delà de l’exposition en plein air, l’édition 2024 a proposé des performances artistiques mémorables, notamment celle de l’artiste béninois Agbenomba Michael Kwessi à l’hôtel Ricardo de Ouagadougou. À travers cette programmation riche et variée, Wékré a confirmé sa vocation de plateforme panafricaine d’échanges et de valorisation de la création contemporaine.
YIRIWA : La biennale des arts visuels de Bobo-Dioulasso
En parallèle du marché d’art Wékré, le collectif organise également la biennale des arts visuels de Bobo-Dioulasso, dénommée YIRIWA. Le mot « YIRIWA », qui signifie « émergence » en dioula, est une biennale qui soutient la création contemporaine dans la région des Hauts-Bassins, considérée comme la capitale culturelle du Burkina Faso. Cet événement permet de valoriser les artistes locaux tout en contribuant à la structuration du secteur des arts plastiques dans la région.
Une présence internationale : Le collectif Wékré à l’international
Le collectif Wékré ne se limite pas aux frontières burkinabè. Il participe activement à des événements internationaux, où il présente les artistes burkinabè. Notamment, le collectif a pris part au Festival de Ségou au Mali, où il a montré au monde entier la richesse et la diversité de l’art contemporain du Burkina Faso.
Incub’art : Une initiative pour l’avenir des arts plastiques
L’une des priorités du collectif Wékré est le développement et la structuration du secteur des arts plastiques. Dans cette optique, il a lancé le projet Incub’art, une initiative innovante et révolutionnaire pour le domaine des arts. Incub’art est destiné à former les étudiants en commissariat d’expositions, en critique d’art, ainsi qu’en gestion d’artistes ou gérance de galerie. Ce programme représente une première dans le domaine au Burkina Faso et vise à professionnaliser le secteur des arts plastiques tout en garantissant une meilleure visibilité pour les artistes.
Un homme, une vision
Ce qui distingue Aboubacar Sanga, c’est sa vision inclusive de la culture. Pour lui, l’art ne doit pas être un luxe réservé à une élite. Il doit être un moyen de dialogue, d’éducation, d’émancipation et de rêve collectif. Par ses actions, il rapproche les artistes de leur public et fait de Ouagadougou une scène à ciel ouvert.
Avec des événements comme Wékré et les projets comme YIRIWA et Incub’art, Aboubacar Sanga contribue activement à écrire une nouvelle page de la culture burkinabè, ancrée dans son temps et tournée vers l’avenir. Son engagement pour la démocratisation de l’art et son soutien aux artistes contemporains en font un véritable bâtisseur d’un pont entre l’art et le peuple.
Parfait Fabrice SAWADOGO
