jeu 31 juillet 2025

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À la découverte du moui-guila : une perle culinaire burkinabè méconnue mais précieuse

Souvent relégué au second plan dans l’univers de la gastronomie burkinabè, le moui-guila mérite pourtant une attention particulière. Ce plat à base de riz, simple dans sa forme mais riche en symboles, s’impose comme un mets de tradition et de convivialité. Retour sur un trésor culinaire discret mais profondément enraciné dans la culture burkinabè.

Au Burkina Faso, les habitudes alimentaires s’articulent autour de plusieurs céréales : le mil, le maïs, le sorgho et le riz. Si le tô, le babenda ou encore le riz sauce sont des incontournables bien connus, le moui-guila, lui, reste en retrait, souvent réservé à des contextes plus familiaux ou communautaires. Le moui-guila littéralement “boule de riz” se distingue par sa présentation unique : du riz bien cuit, souvent légèrement collant, façonné à la main ou à l’aide d’un récipient, pour former une boule compacte. Contrairement au riz servi en vrac, le moui-guila est pensé pour être transporté facilement et consommé en toute simplicité, tiède ou froid, seul ou accompagné d’une sauce.

Un mets aux origines rurales et au fort symbole

D’après les récits recueillis auprès d’aînés et d’acteurs culturels, le moui-guila trouve ses origines dans les milieux ruraux du pays. Ce plat répondait à un besoin de praticité, notamment lors des travaux champêtres, des voyages ou des cérémonies coutumières. Sa forme en boule permettait de le transporter dans des feuilles ou des récipients sans qu’il se disperse, et il suffisait parfois de le tremper dans un peu de sel ou de le manger avec une sauce légère à base de feuilles ou de soumbala.

Mais au-delà de sa praticité, le moui-guila incarne des valeurs : solidarité, simplicité, ancrage communautaire. Il était souvent partagé entre proches, dans un esprit d’unité et de convivialité.

Une visibilité inattendue à l’international

Curieusement, c’est hors des frontières nationales que le moui-guila refait parfois surface. Dans les réceptions officielles organisées par les ambassades du Burkina Faso ou lors des journées culturelles de la diaspora, il est présenté comme un symbole culinaire original. Il y est généralement servi avec des sauces travaillées arachide, gombo, tomate ou accompagné de poisson frit ou de légumes sautés. Un retour aux sources… mais sur des plateaux de service plus formels.

Une tradition que les jeunes veulent sublimer

Avec le regain d’intérêt actuel pour la gastronomie locale, de jeunes chefs et créateurs de contenus culinaires explorent les possibilités de revisiter le moui-guila. Sur les réseaux sociaux apparaissent des versions stylisées : riz parfumé, coloré, accompagné de légumes grillés, d’attiéké ou même de viandes marinées. L’objectif est clair : rendre ce plat ancestral séduisant pour les nouvelles générations, tout en conservant son essence.

Redonner sa place à un plat d’identité

Dans un monde où les cultures s’uniformisent et où les traditions culinaires locales peinent parfois à survivre, le moui-guila mérite mieux que l’oubli. Il ne s’agit pas seulement d’un plat de riz, mais d’un véritable marqueur d’identité, chargé d’histoire, de symboles et de mémoire collective. Redonner sa place au moui-guila dans les assiettes burkinabè, c’est faire le choix de la transmission, de la fierté et de la valorisation du patrimoine culinaire. Et peut-être qu’un jour, cette humble boule de riz rejoindra les grandes tables… sans jamais perdre son âme.

Parfait Fabrice SAWADOGO

Journaliste Culturel – Infos Culture du Faso

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