Fruit à la fois discret et emblématique, le cola transcende les simples frontières du goût pour devenir un véritable symbole de respect, de paix et de lien social dans de nombreuses sociétés africaines. Présent lors des grands moments de la vie, il est porteur de messages, de valeurs et de bénédictions. Plus qu’un aliment, il est un témoin vivant de notre riche patrimoine culturel.
Dans de nombreuses cultures africaines, le cola occupe une place essentielle. Bien plus qu’un fruit à croquer, il est un véritable marqueur identitaire, intégré dans les usages sociaux, les rituels et les événements majeurs de la vie. De la cour royale aux villages reculés, il accompagne les étapes décisives de l’existence, liant les individus par des gestes symboliques transmis de génération en génération.
Un fruit chargé de significations
Issu du colatier, arbre tropical originaire d’Afrique de l’Ouest, le cola est connu pour ses graines riches en caféine et au goût amer. Il existe différentes variétés, notamment le cola rouge et le cola blanc, chacune ayant ses usages spécifiques selon les régions et les traditions. Au-delà de ses vertus stimulantes, ce fruit est hautement valorisé pour sa charge symbolique.
Présence incontournable des cérémonies
Le cola est indissociable des grands moments de la vie communautaire :
Lors des fiançailles, il est remis à la famille de la jeune fille comme signe de respect et de volonté d’union.
Pendant les mariages et baptêmes, il circule de main en main, symbolisant la bénédiction des anciens et la joie du partage.
Dans les rites funéraires, il accompagne les prières aux ancêtres et facilite, selon la croyance, la traversée vers le monde des esprits.
Dans les salutations coutumières, il traduit la déférence et l’intention pacifique, notamment auprès des autorités traditionnelles.
Symbole de paix, de bénédiction et de cohésion sociale
La force du cola réside aussi dans son rôle de vecteur de paix. Offrir du cola, c’est chercher l’harmonie, apaiser les conflits ou renouveler des liens. Partager le cola signifie que l’on accepte l’autre, que l’on ouvre la voie au dialogue. Dans certaines régions, aucune discussion importante ne commence sans cette offrande rituelle.
Un usage qui perdure dans la modernité
Malgré l’évolution des pratiques et la modernisation des modes de vie, le cola continue de trôner dans les cérémonies contemporaines. On le retrouve dans les négociations politiques, les rencontres culturelles ou encore dans les moments solennels des communautés diasporiques. Il reste un marqueur fort de l’identité africaine.
Transmettre un héritage par le geste
Le cola joue aussi un rôle pédagogique. À travers les rites qui l’entourent, les aînés enseignent aux plus jeunes les valeurs fondamentales : le respect des traditions, la force du collectif, l’importance de la parole donnée. Ainsi, il est autant un symbole qu’un outil de transmission culturelle.
Un fruit, une mémoire, un avenir
Le cola n’est pas simplement un vestige du passé. Il est cette racine vivante qui relie l’individu à sa communauté, le présent à l’héritage ancestral. À l’heure où les repères culturels se diluent parfois dans la modernité, ce fruit amer mais noble nous rappelle que certaines traditions méritent d’être protégées, célébrées et transmises. Le cola est plus qu’un symbole : il est un acte de continuité, un lien de mémoire, un ferment de paix.
Fabrice Parfait Sawadogo
Journaliste Culturel – Infos Culture du Faso
