mer 30 juillet 2025

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Le pouvoir de la parole et la valeur de la parole donnée

La parole est l’un des fondements de la communication humaine. Elle dépasse le simple cadre d’un outil linguistique pour devenir un acte social, symbolique et parfois sacré. À travers les civilisations et les époques, la parole a toujours occupé une place centrale dans la régulation des rapports humains. Elle peut unir ou diviser, construire ou détruire. Mais lorsqu’elle est donnée, elle engage. C’est cette double dimension la puissance de la parole et le poids de la parole donné que cet article propose d’explorer.

La parole, dans ses formes les plus simples ou les plus élaborées, n’est jamais un acte neutre. Elle est l’outil par excellence qui permet aux individus de s’exprimer, de transmettre des pensées, des idées, des émotions. Mais au-delà de son aspect informatif, elle est aussi un vecteur de pouvoir. Ce pouvoir peut être conscient ou inconscient, mais il est toujours présent. Dans le domaine politique, par exemple, les discours des dirigeants ont un poids considérable : ils peuvent influencer des masses, changer le cours des événements, ou même mobiliser des foules. La parole a ce pouvoir, celui de transformer la réalité, de forger des convictions, d’ouvrir des perspectives nouvelles.

Cependant, la parole n’est pas seulement un instrument de pouvoir. Elle est aussi un engagement moral, un acte de confiance entre ceux qui la prononcent et ceux qui l’entendent.

La parole donnée : un engagement moral

Lorsque l’on donne sa parole, on ne se contente pas de dire quelque chose. On s’engage, on prend une responsabilité, on construit une relation de confiance. Dans beaucoup de cultures, et particulièrement en Afrique, la parole donnée est un véritable pacte moral. Dans certaines sociétés, il est dit qu’« un homme, c’est sa parole ». Cela signifie qu’un individu doit être jugé non seulement par ce qu’il dit, mais aussi par ce qu’il fait de ses paroles. La parole donnée n’est pas une promesse vide : elle est une obligation, un devoir moral, souvent plus fort qu’un contrat écrit.

Ainsi, dans les domaines privés ou publics, la parole donnée devient le ciment des relations humaines. Elle permet de bâtir des ponts de confiance et de coopération. C’est pourquoi la rupture d’une parole donnée, qu’elle soit personnelle ou institutionnelle, est perçue comme une forme de trahison. Dans certaines cultures, cela peut même avoir des conséquences sociales graves, car la parole est l’essence même de l’honorabilité d’une personne.

Crise de la parole dans la société contemporaine

Aujourd’hui, pourtant, la parole semble perdre de son poids. La multiplication des discours, la dévalorisation de la parole dans certains secteurs (politique, économique, etc.), et la distance croissante entre parole et action, ont eu pour effet de fragiliser la relation de confiance qui s’établit autour d’elle. On parle beaucoup, on promet beaucoup, mais on tient rarement ses engagements. Cette dissonance entre ce qui est dit et ce qui est fait engendre un climat de méfiance, où la parole n’est plus synonyme de certitude.

De nombreuses promesses, faites à travers des discours enflammés ou des engagements formels, sont régulièrement rompues sans conséquence. Ce phénomène, qu’on pourrait appeler « l’oubli de la parole donnée », affaiblit le tissu social et affaiblit la crédibilité des discours publics. Cela est particulièrement perceptible dans le monde politique, où la parole semble souvent être un outil de manipulation plus que d’engagement.

Restaurer la puissance de la parole tenue

Face à cette crise de la parole, il devient urgent de restaurer sa valeur originelle. Cela passe par une reconquête du sens de la parole donnée. Pour que la parole redevienne ce qu’elle devrait être, un lien qui engage et qui responsabilise, il est nécessaire de renouer avec des valeurs fondamentales : la sincérité, l’honnêteté, et le respect des engagements pris. La parole, loin d’être un simple outil de communication, doit redevenir un acte moral, porteur de sens.

Cela implique aussi un travail d’éducation, en particulier chez les jeunes, pour leur apprendre l’importance de la parole dans la construction des relations humaines. La parole n’est pas qu’un moyen de se faire entendre : c’est une manière de s’engager envers autrui. C’est en respectant ses engagements, en honorant ses promesses, que l’on donne à la parole sa véritable force.

Le pouvoir de la parole est immense. Elle façonne les sociétés, définit les relations humaines et engage celui qui la prononce. La parole donnée, en particulier, représente une forme d’engagement moral, souvent plus puissante que n’importe quelle signature. Mais pour que la parole retrouve sa dignité, il est essentiel de respecter ce qu’on dit. Une parole donnée, honorée, c’est la clé d’une société de confiance et de respect mutuel. Il est temps de redonner à la parole son pouvoir originel : celui d’engager, de lier et de transformer.

Parfait Fabrice SAWADOGO

Journaliste Culturel – Infos Culture du Faso

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