mar 24 juin 2025

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La vieille mosquée de Bobo-Dioulasso : mémoire d’argile et de foi au cœur de la ville

Témoin silencieux de l’histoire religieuse et architecturale de Bobo-Dioulasso, la vieille mosquée se dresse fièrement au centre de la ville, en face du quartier historique Dioulassoba. Construite en 1890 dans le style soudanais, elle incarne une tradition religieuse séculaire et une maîtrise artisanale remarquable.

Située au cœur de la capitale économique du Burkina Faso, la vieille mosquée de Bobo-Dioulasso est l’un des monuments emblématiques de la ville. Elle se trouve en face du quartier Kibidoué, plus connu sous le nom de Dioulassoba, berceau historique de Bobo-Dioulasso, et non loin de l’Hôtel de Ville. Son accès est simple, et sa silhouette en banco attire naturellement le regard des passants comme des visiteurs.

Une architecture enracinée dans le style soudanais

Construite en banco, un mélange traditionnel d’argile, de paille et d’eau, la mosquée se distingue par son style architectural typique du Soudan occidental. Le bois un bois spécial, résistant à l’humidité et au tempsooiii constitue également un matériau fondamental, notamment pour la toiture et les pieux extérieurs. Ces derniers, visibles sur les deux minarets, servent à la fois de renfort structurel et d’échafaudage lors des travaux d’entretien. L’ensemble confère à l’édifice un aspect massif et pourtant élégant, témoignage d’un savoir-faire ancestral transmis de génération en génération.

La mosquée a été érigée en 1890 sous l’impulsion de l’Almani Sidiki SANON, chef religieux visionnaire et figure respectée de la communauté musulmane de l’époque. Son initiative marque une étape importante dans l’histoire de l’islam à Bobo-Dioulasso, consolidant la place de la religion musulmane dans une ville déjà marquée par la diversité culturelle.

Un lieu vivant de spiritualité, d’histoire… et de cohabitation

Au-delà de sa valeur architecturale, la vieille mosquée demeure un lieu de prière et de recueillement. Elle conserve une importance religieuse pour les fidèles qui s’y rendent régulièrement. Les visites sont autorisées uniquement en dehors des heures de prière, dans le respect des temps de culte. Les guides locaux, souvent membres de la communauté, accueillent les visiteurs en leur expliquant l’histoire du lieu, les spécificités architecturales, mais aussi les règles de décence à respecter.

Chaque mur, chaque courbe de l’édifice raconte une partie de l’histoire bobolaise. Lieu de paix et de transmission, la mosquée permet aussi aux nouvelles générations de renouer avec un passé souvent méconnu. Mais elle incarne aussi, dans le contexte bobolais, une valeur bien plus large : celle de la tolérance religieuse et du vivre-ensemble.

Ici, la spiritualité se vit dans la cohabitation. Musulmans, chrétiens et animistes partagent les espaces sociaux, assistent mutuellement à leurs fêtes et se soutiennent dans les grands moments de la vie. Il n’est pas rare qu’un chrétien entre dans la mosquée pour prier, avec respect, selon les règles établies. Cette ouverture est l’une des caractéristiques profondes de la société bobolaise, où la religion ne divise pas mais relie.

Une mosquée à quelques pas d’un espace de culte traditionnel

À quelques mètres à peine de la mosquée, un espace est également réservé au culte du masque, pilier de la spiritualité traditionnelle bobo. Cette proximité physique n’est pas le fruit du hasard : elle témoigne d’une harmonie historique entre les différentes formes de croyances. La vieille mosquée ne s’oppose pas aux traditions : elle coexiste avec elles, dans une complémentarité sociale, rituelle et symbolique.

Cette coexistence constitue un témoignage précieux pour comprendre la richesse de l’identité bobolaise, faite d’entrelacements subtils entre islam, christianisme et spiritualités africaines. Une manière de dire que la foi, ici, est un facteur d’unité bien plus que de séparation.

Un patrimoine fragile à préserver

Comme toutes les constructions en banco, la vieille mosquée nécessite un entretien régulier. Chaque année, la communauté se mobilise pour la restauration des murs avec le même matériau naturel, perpétuant ainsi une tradition de solidarité et de préservation du patrimoine. Ce geste communautaire, au-delà de sa fonction technique, est aussi un acte de mémoire collective. Le bois, par sa solidité, joue également un rôle fondamental dans la longévité de l’édifice, notamment pour les éléments porteurs et la toiture qui nécessitent une attention particulière.

Face aux mutations urbaines et à la modernisation des constructions religieuses, la vieille mosquée de Bobo-Dioulasso demeure un repère immuable. Elle incarne la résistance silencieuse d’une architecture qui épouse son environnement, respecte les cycles naturels, et reflète une spiritualité enracinée.

La vieille mosquée de Bobo-Dioulasso est bien plus qu’un édifice religieux. Elle est le reflet d’un héritage spirituel, architectural et communautaire construit sur la terre, la foi, et le dialogue entre les traditions. Dans ce cœur battant de la ville, où se croisent les prières, les cultures et les croyances, elle demeure un symbole de continuité, de tolérance et d’enracinement. Sa silhouette d’argile, tournée vers le ciel, rappelle à chacun que préserver le passé, c’est aussi construire un avenir de paix et de respect partagé.

Par Parfait Fabrice SAWADOGO

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