mar 17 juin 2025

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Le Lac de Tengrela, joyau en péril au cœur des Cascades

Situé à quelques kilomètres de la frontière ivoirienne, le Lac de Tengrela est un lieu d’une beauté paisible, où nature et culture se rencontrent. Réputé pour ses hippopotames, sa biodiversité et ses paysages enchanteurs, ce site emblématique du Burkina Faso est aujourd’hui menacé par l’ensablement et le manque de protection. Un appel à la mobilisation se fait urgent.

À seulement sept kilomètres de Banfora, dans la région des Cascades, le lac de Tengrela est l’un des trésors naturels les plus fascinants du Burkina Faso. Sa renommée tient à la présence de majestueux hippopotames, que l’on peut observer paisiblement à bord de pirogues, mais aussi à son ambiance mystique, héritée des traditions sénoufo. Les populations locales attribuent aux hippopotames des pouvoirs protecteurs, et le lac, à la fois source de vie et de culture, est considéré comme sacré.

Avec ses 7 kilomètres de long pour 1 kilomètre de large, le lac s’étend sur une superficie d’environ 5,8 km². Comparé à d’autres plans d’eau du pays comme le lac Bam, il reste de taille modeste, mais son importance culturelle et écologique est considérable. Malheureusement, ce joyau est en danger. Si rien n’est fait, il pourrait disparaître sous les effets conjugués de l’ensablement et de la prolifération végétale.

Une biodiversité précieuse à préserver

Le lac de Tengrela constitue un véritable sanctuaire pour une faune variée. Outre les hippopotames, on y retrouve une riche diversité d’oiseaux aquatiques : hérons, canards, aigrettes, martins-pêcheurs et espèces migratoires s’y réfugient selon les saisons. Les eaux regorgent également de poissons, ressource essentielle pour les communautés riveraines, qui y pratiquent une pêche artisanale respectueuse de l’environnement.

La flore autour du lac n’est pas en reste. Des palmiers, des roseaux, des arbres sacrés et de petits bosquets offrent une verdure apaisante, formant un écosystème rare dans une région soumise à des pressions climatiques.

Une richesse culturelle vivante

Le lac n’est pas seulement un espace naturel : il est aussi profondément ancré dans l’histoire et la spiritualité locales. Les Sénoufos, principaux habitants de la zone, vouent un respect profond au site, qu’ils considèrent comme habité par des esprits. L’eau du lac est utilisée lors de rituels traditionnels, et les récits transmis oralement renforcent le lien sacré entre les habitants et leur environnement.

Dans les villages avoisinants, l’artisanat est également très présent. Tissages traditionnels, poteries, objets en argile ou en bois sculpté témoignent d’un savoir-faire transmis de génération en génération. Pour les visiteurs, c’est l’occasion de découvrir un mode de vie enraciné dans le respect de la nature.

Un tourisme à encourager… durablement

Le lac de Tengrela est depuis plusieurs années une destination touristique prisée, mais encore trop peu valorisée. Les balades en pirogue à la rencontre des hippopotames, les couchers de soleil sur les eaux calmes, la découverte des îlots ou des villages environnants offrent une expérience inoubliable. Les plus courageux peuvent même s’y rendre à pied depuis Banfora.

Mais pour développer ce potentiel, il est nécessaire de penser à un écotourisme durable, avec des structures d’accueil légères, une sensibilisation des populations et des visiteurs, et surtout, des actions de préservation du site.

Des menaces sérieuses et urgentes

Deux dangers majeurs pèsent sur le lac de Tengrela. Le premier est l’ensablement progressif, provoqué par les activités agricoles non contrôlées autour du site. Les eaux de ruissellement, chargées de sédiments, viennent étouffer le lit du lac, réduisant sa profondeur et modifiant son écosystème.

Le second danger est l’invasion par des plantes aquatiques sauvages. Ces végétaux prolifèrent rapidement, couvrent de larges surfaces d’eau et rendent difficile la navigation. À terme, ils pourraient asphyxier la vie aquatique et accélérer la dégradation du milieu.

Un appel à la mobilisation

Des solutions existent pourtant, et elles ne sont pas hors de portée. La mise en place de zones tampons végétalisées pour filtrer les eaux de ruissellement, le curage périodique du lac, le contrôle des espèces envahissantes et la sensibilisation des agriculteurs sont des actions concrètes à envisager dès maintenant.

Mais au-delà des politiques publiques, l’engagement des communautés locales est indispensable. Une initiative citoyenne, comme la création d’une « Association des Amis du Lac de Tengrela » portée par la jeunesse, pourrait servir de point de départ pour fédérer les énergies. Il s’agirait d’une structure capable de plaider pour la sauvegarde du site, de sensibiliser, de mobiliser des soutiens et de coordonner les efforts avec les autorités.

Le Lac de Tengrela est un lieu unique où se rejoignent nature, culture et spiritualité. Ce site fragile mérite d’être protégé pour continuer à émerveiller, inspirer et nourrir les générations futures. Le sauver, ce n’est pas la mer à boire c’est une question de volonté, d’organisation et d’amour pour notre patrimoine commun.

Parfait Fabrice SAWADOGO

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