À l’occasion de la Journée nationale des coutumes et traditions célébrée le 15 mai, le royaume de Zoungrantenga à Tenkodogo accueille pour la première fois une rencontre internationale des forgerons africains. Venus du Burkina Faso, du Mali, du Bénin et d’autres pays, ces acteurs de la traditions africaines ont échangé autour de l’histoire de la forge, de ses autels sacrés et de son rôle social et spirituel. Une manière de raviver la mémoire des peuples et de transmettre aux jeunes générations ce précieux héritage africain.

Le royaume de Zoungrantenga accueille du 14 au 15 mai 2025, la première édition de la rencontre internationale des forgerons africains, organisée dans le cadre de la Journée nationale des coutumes et traditions. Cet événement culturel vise à promouvoir l’art de la forge et à pérenniser ce savoir ancestral pour les générations futures. Les forgerons venus du Mali, du Bénin, du Burkina Faso et d’autres pays africains ont répondu à l’appel du roi de Tenkodogo.
Au Burkina Faso, la Journée nationale des coutumes et traditions célébrée chaque 15 mai est une occasion de retour aux sources, permettant aux différentes communautés d’honorer la richesse culturelle des soixantaines d’ethnies que compte le pays. L’événement organisé par le roi de Tenkodogo s’inscrit pleinement dans cette dynamique.

Trois communications ont rythmé les échanges au palais royal. Le premier thème, « Histoire et lien de la communauté de Zoungrantenga », a été développé par Dimtinga Naaba. Il a rappelé que le fondateur du royaume, Ouédraogo, est mort avant de finir les rites nécessaires à son intronisation, laissant à son fils le rôle de premier roi. « Le royaume porte le nom de Zoungrantenga parce que le fondateur, Ouédraogo, a initié la création du royaume mais est décédé avant d’en devenir roi. Son fils a terminé les rites et est devenu le premier roi. C’est pourquoi le roi porte le nom de Zoungrantenga », a-t-il expliqué. Il a aussi encouragé les jeunes à s’approprier les valeurs culturelles et traditionnelles.

Le deuxième thème, « Autel sacré de la forge », a été présenté par Azilèmin du Bénin. Il a souligné l’importance symbolique et spirituelle de l’autel dans la tradition de la forge : « L’autel, c’est la terre, un lieu de concentration d’énergies, un espace sacré où l’on implore les divinités. La forge, elle, est le génie qui a permis à l’homme noir de découvrir le fer et de le travailler, même sans machines. Elle a contribué à l’agriculture et à la fabrication d’objets précieux. »

Le troisième intervenant, Nouwaly Kanté, venu du Mali et représentant de l’association soumoro Kanté, a abordé le thème « Le rôle du forgeron dans le Mandé ». Il a mis en lumière la dimension médicinale et spirituelle du travail du forgeron dans les sociétés mandingues : « Ce sont les forgerons qui fabriquaient les flèches empoisonnées et qui détenaient aussi les antidotes. Sans forgeron, comment se protéger, se soigner ou consulter le climat ? » Il a également évoqué les pactes ancestraux qui interdisent certains mariages, notamment entre Peuls et forgerons, insistant sur la nécessité de consulter les pactes avant de transgresser ces interdits.
L’événement se poursuit ce 15 mai avec une prestation attendue du célèbre conteur Sãnãba KPG, ambassadeur du patrimoine culturel burkinabè, suivie d’une conférence sur le thème « Forge, développement et gestion de crise », animée par l’ancienne ministre de la Culture, Pr Élise Thiombiano.
Modou Traoré (collaborateur)