Le patrimoine burkinabè vient d’enregistrer une avancée majeure dans sa compréhension et sa valorisation grâce à la soutenance de thèse de Monsieur Moctar SANFO, Directeur Général de la Culture et des Arts. Le samedi 26 avril 2025 à l’Université Norbert Zongo de Koudougou, il a défendu avec brio sa thèse de Doctorat unique en Histoire de l’Art et Patrimoine Culturel, obtenant la mention Très Honorable à l’issue de sa présentation.

Intitulé « Les sculptures sur granite de Laongo (Burkina Faso) : Approche stylistique, thématique et de sauvegarde des œuvres d’art », ce travail de recherche ambitieux explore, documente et interroge l’un des sites artistiques majeurs du Burkina Faso : le parc de sculptures de Laongo. Dirigée par le Dr Adama TOME, Maître de conférences en Histoire de l’Art, la thèse propose une analyse approfondie de ce site unique, mêlant perspectives historiques, artistiques, techniques et patrimoniales.

Au cœur de l’étude, l’auteur revient d’abord sur le contexte géo-historique du site, en retraçant les origines du village de Laongo, jadis appelé Wεεg-tenga, fondé par Naaba Wεεga, chef de guerre et compagnon du légendaire Naaba Wubri. Ce rappel historique ancre la création contemporaine dans une profondeur culturelle locale, soulignant l’enracinement identitaire du lieu.
Depuis 1989, Laongo s’est imposé comme un haut lieu de création artistique grâce au Symposium international de sculpture sur granite, où se croisent des artistes venus du monde entier. Ce dialogue interculturel, Moctar SANFO en mesure les impacts : transformation du paysage initialement rural, élévation symbolique du granite en support d’expression universelle, adhésion des populations locales et implication croissante des institutions culturelles de l’État.

L’auteur apporte ensuite une lecture analytique et sensible des œuvres produites sur le site. Par une approche stylistique, iconographique et iconologique, il dévoile la richesse des formes, des volumes et des messages véhiculés. L’originalité de l’étude réside notamment dans la mise en lumière de la pluralité des sources d’inspiration des artistes, mêlant traditions africaines, figures contemporaines, et expérimentations formelles.

Mais au-delà de la contemplation esthétique, la thèse soulève une problématique cruciale : «celle de la sauvegarde des œuvres exposées à ciel ouvert. Les sculptures, livrées aux intempéries, à l’érosion et parfois aux actes d’incivisme, nécessitent des mécanismes de protection». Moctar SANFO plaide ainsi pour une politique de conservation proactive, fondée sur des méthodes adaptées aux spécificités matérielles et environnementales du site.

L’un des apports significatifs de cette recherche est aussi de considérer Laongo comme un chantier ouvert de connaissance. Le site constitue un réservoir de questionnements pour les générations futures : «les pistes de recherche proposées en fin de thèse en témoignent. De l’étude comparative des styles à l’impact sociologique du site, les prolongements possibles sont nombreux».

Face à un jury composé de spécialistes de renom venus du Burkina Faso et du Bénin, dont le Professeur Ludovic Ouhonyioué KOBORA (Directeur de Recherche à l’Institut des Sciences des Sociétés), le Docteur Emery Patrick EFFIBOLEY (Université d’Abomey Calavi), la Docteure Foniyama Élise THIOMBIANO/ILBOUDO (Université Joseph Ki-Zerbo), le Docteur Noaga BIRBA et le Docteur Adama TOME (Université Norbert ZONGO), Moctar SANFO a su convaincre par la rigueur de son travail et la pertinence de ses résultats.

Son admission au grade de Docteur en Histoire de l’Art et Patrimoine Culturel, avec les félicitations du jury, marque un moment important pour le monde culturel burkinabè. Il prouve que la recherche scientifique appliquée au patrimoine peut nourrir les politiques culturelles, soutenir la création, et surtout contribuer à la sauvegarde de notre mémoire collective.
Parfait Fabrice SAWADOGO