Le nom « Kadiogo », issu du terme mooré « Kaadyoogo », désignait autrefois une rivière qui coulait à proximité du palais du Moog-Naaba, souverain traditionnel du royaume mossi. Cette rivière, source d’eau réservée au roi, symbolisait à la fois la centralité du pouvoir royal et l’ancrage spirituel du territoire. Aujourd’hui encore, cette origine donne à la région une profondeur historique unique, mêlant symbolisme royal, continuité des traditions et modernité urbaine. Située au centre du Burkina Faso, la région du Kadiogo joue un rôle stratégique dans le développement du pays, aussi bien sur le plan politique que culturel et touristique.
La région du Kadiogo présente une singularité administrative : elle est la seule des 17 régions du Burkina Faso (après le nouveau découpage de juillet 2025) à ne comprendre qu’une seule province, elle-même nommée Kadiogo. Son chef-lieu, Ouagadougou, capitale politique et administrative du pays, concentre la majorité des institutions, des infrastructures modernes, des événements nationaux et internationaux, ainsi que des activités culturelles, économiques et touristiques. Cette province regroupe sept communes : Ouagadougou, Saaba, Koubri, Komsilga, Pabré, Komki-Ipala et Tanghin-Dassouri, formant un tissu urbain et périurbain dense.
Une région unique à forte densité
Au cœur de ce territoire se perpétue l’un des plus anciens rituels du royaume mossi : le Moogho Naaba. Chaque vendredi matin, au palais du Moog-Naaba, une cérémonie symbolique met en scène un simulacre de départ en guerre du roi, avant son revirement au profit de la paix. Ce rituel attire chercheurs, touristes et curieux, fascinés par la profondeur de ce patrimoine vivant. Le palais royal, toujours actif, témoigne du lien entre tradition et continuité monarchique.
Dans les communes rurales comme Koubri ou Tanghin-Dassouri, les fêtes communautaires, les alliances à plaisanterie, les rites agraires et l’artisanat témoignent d’une richesse immatérielle transmise de génération en génération. Le Faso Dan Fani, tissé à la main, est produit localement dans plusieurs communes et incarne une forte identité culturelle.
Une mémoire vivante des traditions
La province du Kadiogo est le foyer majeur de la création artistique contemporaine au Burkina Faso. C’est ici qu’émergent ou s’affirment des figures artistiques telles que Dez altino, Floby, Malika la Slamazone ou encore Smarty. Les disciplines comme le cinéma, la musique, le slam, la danse contemporaine, les arts plastiques ou la mode s’y épanouissent, soutenues par une diversité d’institutions : CDC La Termitière, CITO, ATB CENASA, Goethe-Institut, La fédération du Cartel, l »Espace culturel Gambidi, Musée de la musique, le musée National ou encore le Village Artisanal.
Capitale de la création artistique burkinabè
La région accueille les plus grandes manifestations culturelles du pays, et parfois même du continent : le FESPACO, vitrine du cinéma africain ; le SIAO, temple de l’artisanat africain ; le Jazz à Ouaga ; le FIDO ; les Recréâtrales ; le Festival Rendez-vous chez Nous ; le SITHO, FILO ; Photos’ORBF, la randonnée Photographique du Burkina ; festival des expressions urbaines. Ces événements attirent chaque année des milliers de participants, professionnels, journalistes, touristes, et génèrent d’importantes retombées économiques en matière de tourisme, de services et de visibilité internationale.
Terre d’événements d’envergure
Le tourisme dans la région du Kadiogo se déploie autour de trois piliers : patrimoine historique, offre culturelle et écotourisme. Outre le palais du Moog-Naaba et la cérémonie du Moro Naba, les visiteurs peuvent découvrir le Musée national, la Place de la Révolution, le Monument des Héros Nationaux, la Cathédrale de Ouagadougou, la Grande Mosquée, le Marché Rood-Woko, et les ateliers de bronze de la Maison des Artisans.
Pour les amoureux de la nature, le parc urbain Bangr-Weoogo, réservé en plein centre-ville, offre une immersion dans la biodiversité locale. À 30 km, le lac de Loumbila, en développement, permet des activités nautiques et un tourisme écologique. Dans les communes rurales, le tourisme communautaire se développe, valorisant l’artisanat local, la cuisine traditionnelle et les modes de vie paysans.
Une destination touristique riche et multiple
Le Kadiogo incarne l’équilibre entre mémoire royale, créativité contemporaine et aspiration au développement. C’est un espace de résilience, de rencontre, mais aussi d’expérimentation culturelle. Les initiatives numériques côtoient les rites initiatiques, les podcasts culturels s’inspirent des contes anciens, et les danses urbaines puisent leur énergie dans les rythmes traditionnels.
Kadiogo, entre tradition et modernité
Carrefour géographique, centre névralgique des arts, mémoire du royaume mossi et pôle touristique majeur, la région du Kadiogo est un microcosme du Burkina Faso en mouvement. Dans un pays en pleine restructuration territoriale, elle conserve sa position centrale, à la fois symbole d’un héritage profond et tremplin vers l’avenir.
Valoriser le Kadiogo, c’est porter haut l’identité burkinabè dans toute sa diversité, sa créativité et sa fierté.
Parfait Fabrice SAWADOGO
Journaliste Culturel – Infos Culture Du Faso
