jeu 31 juillet 2025

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Issiaka Konaté : Le grand architecte de l’image burkinabè et africaine

Réalisateur, formateur et penseur du cinéma, Issiaka Konaté incarne depuis plus de trois décennies une vision exigeante et engagée du 7ᵉ art africain. Entre ses films primés, ses activités de formation au Burkina Faso et à l’étranger, et son implication dans les instances professionnelles, il s’impose comme l’un des piliers du cinéma burkinabè et continental.

Né à Bobo-Dioulasso, Issiaka Konaté a construit un parcours à la croisée de la pratique, de l’enseignement et de l’institutionnel. Officier des Arts, des Lettres et de la Communication, il entame son cheminement académique à l’Institut Africain d’Études Cinématographiques (INAFEC) de Ouagadougou, où il décroche une licence en sciences et techniques de l’information et de la communication entre 1981 et 1983. Il poursuit ses études à Paris, obtenant une maîtrise en cinéma à Paris I et Paris X, puis un DEA en 1985. Inscrit en doctorat de 3ᵉ cycle, il complète sa formation par des cours à l’Institut des Hautes Études de l’Amérique Latine (IHEAL), consolidant ainsi une approche théorique et critique du cinéma.

Un cinéaste au service des imaginaires africains

Issiaka Konaté commence sa carrière par la réalisation de films d’école, aussi bien en Afrique qu’en Europe. Parmi ces premières œuvres figurent La Poterie, Galu, La Ville, INAFEC, ou encore Regard sur le VIIIᵉ FESPACO. Son passage à Paris, où il travaille pendant cinq ans comme assistant-réalisateur sur des films publicitaires et ethnologiques, élargit son horizon technique et culturel.

Ses films les plus emblématiques restent YIRI KAN (1989) et SOUKO (Cinématographe en carton), une fiction de 31 minutes sortie en 1998, primée à Cannes Junior, au FESPACO, à TV5, à la CIRTEF, à l’UEMOA, et saluée par le CNC France. Ce court-métrage marque un tournant dans sa carrière, révélant un réalisateur sensible aux tensions sociales et aux aspirations populaires africaines.

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Il poursuit avec des œuvres comme Enfants du Soleil (1995), WERE WERE LIKING, Utopie mise en scène (1996), ou HAKILITAN Mémoire en fuite (2019), projeté lors du cinquantenaire du FESPACO. Il alterne entre fiction et documentaire, avec une capacité rare à capter les dynamiques profondes des sociétés africaines.

Un formateur d’influence, enraciné et panafricain

Réalisateur et expert reconnu en cinéma, Issiaka Konaté consacre une part importante de sa carrière à la transmission du savoir. Il enseigne à l’Institut Supérieur de l’Image et du Son – Studio École (ISIS-SE) au Burkina Faso, où il est également délégué des enseignants au Conseil d’administration. Il intervient aussi au Bénin à l’Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel (ISMA), et participe à des ateliers de formation dans plusieurs pays africains, notamment le Niger, le Mali, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.

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Son engagement pédagogique comprend des projets comme Les lettres filmées entre enfants d’Afrique et de la diaspora, où il utilise le cinéma comme passerelle de dialogue culturel. Son approche allie rigueur professionnelle, sensibilité humaine et ancrage dans les réalités du continent.

Une voix engagée pour les professionnels de l’image

Issiaka Konaté préside aujourd’hui l’Association des Réalisateurs de Cinéma et de l’Audiovisuel du Burkina (ARCA.BF), où il défend une meilleure reconnaissance du métier de réalisateur et milite pour des politiques culturelles fortes. Cette casquette associative complète une vision de la culture comme levier de transformation sociale.

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Une expertise respectée au-delà des frontières

Issiaka Konaté a travaillé comme directeur de casting ou directeur artistique sur plusieurs productions internationales : Mon Ministre de Régis Wargnier, BAKHITA de Giacomo Campiotti, Sarati, le poids du serment de Kollo Daniel Sanou, Les Hommes de l’Ombre (France 2), Femme Fatale (Brian De Palma), Le Divorce (James Ivory), View from the Top (Bruno Barreto), entre autres.

Il a également été lecteur de scénarios au Centre National de la Cinématographie (France), représentant du Burkina Faso à la conférence INPUT (International Public TV Screening Conference), et conseiller pour divers projets panafricains. En 2023, le Festival International du Cinéma Documentaire Rabat Doc lui a rendu un hommage officiel pour sa contribution exceptionnelle à la pensée et à la pratique du documentaire africain.

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Un bâtisseur, une mémoire, une vision

Actuellement, Issiaka Konaté travaille sur La Force, un long-métrage de fiction inspiré du roman de Noële Barbot, qui s’annonce comme un projet majeur dans sa filmographie.

Il incarne une vision du cinéma comme levier de transformation, de mémoire et d’éducation. Son œuvre, profondément enracinée dans les réalités africaines, éclaire les trajectoires humaines avec lucidité et espoir. Réalisateur, pédagogue, mentor et bâtisseur de structures, il demeure un pilier du cinéma burkinabè et africain, respecté pour sa rigueur, son humilité et sa capacité à transmettre. Avec lui, l’image africaine trouve non seulement un reflet fidèle mais aussi un avenir ambitieux.

✍️ Parfait Fabrice SAWADOGO
Journaliste Culturel – Infos Culture du Faso

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