Le Burkina Faso est une terre où la musique est indissociable de la vie sociale, spirituelle et culturelle. Ici, les instruments traditionnels ne sont pas de simples objets de divertissement : ils incarnent la mémoire collective, les valeurs communautaires et l’expression identitaire des peuples. Qu’ils soient joués dans les villages, les quartiers populaires, les scènes de festival ou les cérémonies rituelles, ces instruments portent en eux toute la profondeur du patrimoine burkinabè.

Parmi les plus emblématiques, le balafon occupe une place centrale dans plusieurs régions, notamment à Bobo-Dioulasso, Dédougou, Koudougou et Gaoua. Cet instrument à lames de bois montées sur des calebasses est utilisé lors des funérailles, des mariages, des initiations ou des fêtes communautaires. Sa fabrication et sa maîtrise sont souvent l’apanage de familles de griots ou d’artisans spécialisés qui perpétuent cet art de génération en génération.
Le djembé, tambour fait de bois creusé et de peau tendue, est l’un des instruments les plus visibles dans la vie culturelle burkinabè. Présent aussi bien dans les spectacles de rue que dans les troupes artistiques nationales, il rythme les danses, célèbre les naissances, et anime les scènes urbaines. Il est un symbole d’énergie et de communication.
Le ngoni, luth ancien à cordes pincées, est encore joué dans plusieurs localités burkinabè, particulièrement dans l’Ouest du pays. Il existe sous plusieurs formes, dont certaines sont réservées aux initiés ou aux anciens. Mais aujourd’hui, de jeunes artistes burkinabè l’utilisent également dans des créations contemporaines, mariant tradition et modernité.

Le bolon, instrument à cordes montées sur une calebasse, produit un son grave et profond. Utilisé dans certaines communautés pour les chants de bravoure ou les cérémonies de passage, il symbolise la force et la sagesse. Il est moins répandu que d’autres, mais conserve une forte charge symbolique.
Le tama, aussi appelé tambour d’aisselle, est particulièrement présent dans la culture moaga. Grâce à la pression exercée sous le bras, il peut moduler ses sons pour imiter la voix humaine. Il est utilisé pour transmettre des messages, faire des éloges ou accompagner des chants royaux. Il reste un instrument de pouvoir et de parole.

La flûte peule, quant à elle, est jouée dans les régions du Sahel, du Centre-Nord et de l’Est. Elle est soufflée par les bergers, les jeunes, ou les artistes pour exprimer la solitude, la contemplation, l’amour ou la beauté du paysage. Elle incarne la douceur et la poésie sonore du Burkina profond.
Ces instruments continuent de vivre grâce à des artistes burkinabè qui les valorisent et les adaptent. Adama Dramé, maître incontesté du djembé, est originaire de Bobo-Dioulasso et fait rayonner le Burkina à travers le monde tout en restant fidèle à ses racines. Des artistes comme Rama N’Goni, Kantala ont su intégrer ces instruments dans des créations scéniques puissantes. Des groupes perpétuent également le jeu traditionnel des balafons et percussions avec excellence.

Le Burkina Faso compte aussi plusieurs festivals qui mettent en lumière ces instruments. Le Festival International des Masques et des Arts (FESTIMA), à Dédougou, célèbre non seulement les masques mais aussi les balafons et percussions locales. Les Nuits Atypiques de Koudougou (NAK) font la part belle aux groupes enracinés et aux jeunes artistes utilisant les instruments traditionnels. À Ouagadougou, Jazz à Ouaga invite régulièrement des artistes burkinabè à fusionner balafon, djembé ou ngoni avec des sonorités jazz. Le Festival International de Théâtre et de Marionnettes de Ouagadougou (FITMO) intègre dans ses spectacles vivants des sonorités typiquement burkinabè. D’autres festivals comme Festival la voix du Kora ou SOKO Festival participent aussi à cette dynamique.

Le Burkina Faso, par son histoire, sa diversité ethnique, et la richesse de ses traditions, demeure l’un des gardiens les plus actifs des instruments ouest-africains. Mais ici, pas question de folklore figé. Les artistes, les maîtres d’instruments, les formateurs, les griots et les jeunes musiciens innovent, transmettent, créent.
Parler du Burkina, c’est parler d’un pays où l’on ne joue pas simplement de la musique, mais où l’on fait vivre la parole, la mémoire, la force et la beauté à travers les sons. Le Burkina ne copie pas, ne suit pas : il crée avec ce qu’il est. Ici, chaque tambour, chaque corde, chaque souffle raconte une part du peuple. Le Burkina joue. Le Burkina enseigne. Le Burkina transmet.
Parfait Fabrice SAWADOGO
Journaliste Culturel – Infos Culture du Faso
Bonjour CHEF SAWADOGO.Je suis parfaitement d’accord avec vos propos difffusés sur nos instruments traditionnels.
Merci infiniment pour votre contribution à magnifier cette patrimoine et richesse du Burkina Faso.
Que Dieu facilite et bénisse richement votre mission.
Longue vie à vous. Que les artistes puissent vivre pleinement de leurs arts.
Vive la culture au Burkina Faso.
Mandjou Diabaté, responsable de l’association des ensembles artistique pour la valorisation de la culture AEAVC ORODARA. Merci.