Le samedi 06 septembre 2025, le Centre de Développement Chorégraphique, CDC La Termitière, a vibré au rythme de l’histoire avec la restitution de la pièce chorégraphique « Bani Volta ». Signée du chorégraphe burkinabè Bienvenue Bazié, cette création a réuni dix danseurs, dont cinq femmes, pour retracer un épisode marquant de la mémoire collective : la guerre du Bani-Volta, révolte des communautés burkinabè contre la colonisation française entre 1915 et 1916.

Une création née de la recherche
Bani Volta est le fruit d’un processus de recherche-création associant artistes et chercheurs en sciences humaines et sociales de l’Université Joseph Ki-Zerbo. La pièce mêle danse contemporaine et références aux danses traditionnelles pour revisiter un moment méconnu de l’histoire nationale.
L’œuvre s’articule autour de quatre tableaux : le premier met en lumière les danses ethniques d’une dizaine de communautés, valorisant ainsi la diversité culturelle du Burkina Faso ; le deuxième revient sur l’arrivée des colons français dans la Boucle du Mouhoun et illustre le choc des cultures et des religions ; le troisième rend hommage à la combativité du peuple Bwaba et d’autres communautés face à la colonisation ; enfin, le quatrième tableau s’élève en hymne à la victoire avec le chant du Wassolo.

Raviver les mémoires collectives
Pour Bienvenue Bazié, la danse est un langage qui permet de dire l’indicible et de transmettre des savoirs oubliés. « Je suis animé par l’histoire, par les faits réels. Notre rôle en tant que chorégraphes, c’est aussi de raconter les histoires », confie-t-il. Selon lui, Bani Volta vise à raviver une mémoire que beaucoup ignorent ou minimisent : « L’objectif est que cette pièce permette au public de découvrir une page importante de notre passé », insiste-t-il.

Le chorégraphe précise toutefois que la création n’est pas encore aboutie. Une partie musicale viendra enrichir l’œuvre dans les prochains mois. La pièce sera d’ailleurs présentée en janvier 2026 au Théâtre National de la Danse Chaillot à Paris, précédée d’une résidence dès le 6 janvier.

Un public conquis
La restitution a suscité un vif engouement auprès des Ouagalais venus nombreux découvrir l’œuvre. Parmi eux, la comédienne et metteuse en scène Odile Sankara, présidente du festival Les Récréâtrales. Séduite par la performance, elle a déclaré : « Ce spectacle ne montre pas seulement un conflit, mais il révèle comment nous portons la lutte dans une force commune ».

Au sein de la troupe, la danseuse Esther Tabargo a témoigné de la richesse de l’expérience : « Durant ces cinq semaines, nous avons partagé complicité, recherches intenses et rigueur. L’ambiance a été excellente », a-t-elle confié.

Le professeur d’histoire-géographie Adama Diabaté a, lui aussi, salué l’intérêt pédagogique de la pièce : « C’est un épisode que nous enseignons dans le cadre de la décolonisation de la Haute-Volta. Voir cette histoire incarnée sur scène lui redonne tout son sens, surtout face à notre engagement patriotique actuel ».
Une œuvre tournée vers l’avenir
Outre sa programmation parisienne, Bienvenue Bazié espère voir Bani Volta parcourir plusieurs localités burkinabè : « Ce qui nous tient à cœur, c’est que ce spectacle soit vu par le maximum de Burkinabè », a-t-il affirmé.
Entre mémoire historique et création artistique, Bani Volta s’impose déjà comme une œuvre puissante, capable de faire dialoguer passé et présent, histoire et art, mémoire et avenir.
✍🏾 Modou Traoré (collaborateur)





